Martine et Jacques, un couple parisien bien sous tous rapports, invitent à dîner Charlotte et son mari, des amis qu’ils n’ont pas vus depuis longue date. Parmi les autres invités, on retrouve aussi Georges, un ami qu’ils hébergent depuis trop longtemps. S’ajoutent à la liste le frère de Martine, un joueur criblé de dettes, et sa plantureuse copine Marilyn. Pour corser l’affaire, Martine et le mari de Charlotte, aujourd’hui écrivain de grand renom, eurent une idylle autrefois. Et pour couronner le tout, Charlotte et son époux prétextent avoir été pris dans les embouteillages et arrivent très en retard.
Que pensez-vous qu’il advint de cette soirée? Pas surprenant que l’affaire tourne court et que les participants perdent tout contrôle de la situation. S’ensuit alors un grand déballage : infidélité, amitié perdue, peine d’amour, relations complexes au sein d’un couple et entre frère et sœur, alcoolisme et accroc au jeu.
Voilà le type d’imbroglio que propose la troupe théâtrale communautaire Les Indisciplinés de Toronto dans sa prochaine pièce Cuisine et dépendances, spectacle qui sera présenté au public torontois cette semaine. Produite en collaboration avec la société théâtrale Scuderia Productions, cette pièce parisienne, écrite par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri dans les années 1990, sera mise en scène par Jean-Nicolas Masson. Les Torontois se souviendront peut-être que ce dernier avait déjà dirigé Art de Yasmina Réza en octobre 2011.
« Dans Cuisine et dépendances, nous avons affaire à du théâtre de prétexte. La problématique est déjà en place. Une goutte d’eau fait déborder le vase et on perd alors le contrôle », explique Jean-Nicolas Masson. Je pense que le public aimera cette pièce contemporaine du répertoire français. Il pourra se reconnaître dans cette comédie dramatique. »
L’accent pointu et l’humour piquant, voire même grinçant, de ces personnages typiquement parisiens ne sont pas sans poser un réel défi aux cinq acteurs venus des quatre coins de la francophonie. Ajouté à cela que tout au long de la pièce, les répliques se succèdent rapidement selon un schéma complexe et subtil.
« Mon personnage (Fred, le joueur invétéré) est tellement différent de ma personnalité dans la vraie vie », avoue Éric Chevrette qui participe à sa première pièce. Plus habitué à l’improvisation et aux spectacles d’humour, ce jeune Montréalais d’origine est tout de même content de relever le défi.
Il est en de même pour Georges Raymond et Renée-Claude Thériault, eux aussi rompus à l’art de l’improvisation qui, pour l’occasion, devront quelque peu modifier leur accent pour s’exprimer dans un « français international ».
À un moment de la pièce, Martine et Charlotte sont engagées dans une conversation intense. C’est alors que dans la foulée Martine demande à son invitée : « Est-ce que c’était vraiment trop salé? »
Les Torontois apprécieront certainement ce genre d’humour qui fleurit tout au long de cette pièce.
Les Indisciplinés de Toronto présenteront Cuisine et dépendances dans la salle Beverley Halls de Toronto (206, rue Beverley) les 29, 30 et 31 mai à 19 h 30. Pour réserver : http://lesindisciplinesdetoronto.ca.
Photo : Les cinq comédiens. De gauche à droite : Renée-Claude Thériault, Julien Daviau, Éric Chevrette, Georges Raymond et Isabelle de Carbonnières