Le docteur Serge Plattard, en déplacement à Toronto pour le prestigieux congrès international de l’astronautique, a ouvert les portes de l’espace à l’occasion du deuxième café scientifique de la saison, au théâtre de l’Alliance française.
Ce chercheur décoré de la légion d’honneur est membre de l’Institut européen de politique spatiale et professeur émérite à University College London. Le café « Espace-terre :
le nouvel écosystème » a été l’occasion de voir notre univers sous un angle très différent, en mettant en lumière notre dépendance aux satellites, leur importance et les dangers qu’ils représentent.
On ne s’en rend pas forcément compte, mais nous utilisons des satellites constamment, rien qu’en allumant nos téléphones, ordinateurs, tablettes ou en utilisant des systèmes de navigation. Les satellites en orbite autour de la Terre ont trois types de fonctions : ils servent à des fins météorologiques, de télécommunication ou encore de navigation.
Depuis l’utilisation des systèmes satellitaires de sauvetage d’urgence, 40 000 personnes ont pu être rescapées. Il faut cependant garder à l’esprit que les satellites appartiennent la plupart du temps à des gouvernements qui les contrôlent. En effet, lorsque nous utilisons le système de navigation américain GPS,
« nous sommes en fait guidés par le Pentagone », souligne le Dr Plattard, car toutes ces données appartiennent aux États-Unis.
Enfin, le deuxième type de satellites sert à la conquête de l’espace. Serge Plattard affirme d’ailleurs qu’un jour, grâce aux données que nous transmettent ces satellites, « nous irons sur Mars, c’est une certitude ». La conquête de l’espace s’avère cependant très coûteuse. Il faut compter plus de 160 millions d’euros (environ 226 000 $) rien que pour faire décoller la navette de lancement d’un satellite.
Mais la menace réelle qui flotte au-dessus de nos têtes, ce sont bien les débris satellitaires. Plusieurs millions de débris tournent autour de notre planète et 22 000 d’entre eux dépassent 10 cm de longueur. Ceux-ci tournent en orbite à basse altitude et sont ainsi susceptibles de causer de considérables dégâts tels que des collisions avec des navettes, satellites ou fusées propulsées depuis la Terre.
Le Dr Plattard en a profité pour dévoiler les solutions sur lesquelles il travaille avec son groupe de recherche pour remédier à ce problème. Il a évoqué, lors du congrès international, trois solutions. La première serait de garder suffisamment de carburant dans les satellites pour les faire revenir sur Terre dans l’océan Pacifique aussi appelé « la plus grande poubelle de la Terre ». La deuxième, c’est « l’évitement », procédé qui permet d’éviter une collision ou de prévenir le risque de celle-ci. À l’heure actuelle, le
« seul pays qui en est capable, ce sont les États-Unis d’Amérique », affirme-t-il. Enfin, il propose d’établir un véritable code de conduite, et de régir la circulation des satellites autour de la Terre. Mais ces projets ne sont pas sans coût et c’est bien le problème qu’il dénonce : « On a tous les outils qui vont bien mais on butte sur le traitement des informations » car il y en a tellement que « l’on n’a pas les moyens de pouvoir toutes les traiter ».
Ce phénomène qui menace grandement l’avancée de la conquête de l’espace, a récemment fait parler de lui grâce au film de science-fiction Gravité (2013).
Véritable voyage dans l’espace, ce café scientifique a laissé les participants la tête dans les étoiles, mais les pieds bien sur terre en exposant les enjeux et dangers de la conquête spatiale.
Le prochain café scientifique aura lieu le 18 novembre à 19 h à l’Alliance française de Toronto. Une discussion animée par Cédric Villani, Olivier Peyon et Matheus Grasselli, est prévue après la projection du documentaire Comment j’ai détesté les maths de Cédric Villani.
Photo : Le Dr Serge Plattard au théâtre de l’Alliance française