À travers le regard de six photographes, la galerie Connexions de Toronto explore du 2 au 30 octobre le thème du milieu urbain. Aux côtés de Stephane Kretzschmer, Robert McIntyre, Joachim Oepkes, David Edwards et Alan Dunlop, le Montréalais Guy Lafontaine expose huit de ses clichés extraits de Home Sweet Home, la suite d’une série débutée dans les années 1980.
« J’ai développé un intérêt pour l’aménagement urbain lorsque je suis arrivé à Montréal. J’ai commencé avec la pellicule en noir et blanc et, 30 ans plus tard, je continue avec le numérique en couleur pour atteindre à un résultat plus complet, indique le photographe que le public pourra rencontrer lors du vernissage, le jeudi 12 octobre. J’utilise un livre de cartes routières pour quadriller chaque rue de chaque quartier, en marquant en vert les points d’intérêt, avec une note et tous les détails pour relocaliser le site. »
Ce travail systématique a permis à M. Lafontaine de couvrir près de 40 % de l’île de Montréal entre 2015 et 2017 et de participer à des expositions solo et collectives qui franchissent aujourd’hui la frontière québécoise. « Exposer à Toronto est une belle opportunité, confie-t-il. La ville a les mêmes problématiques de développement urbain que Montréal. Je montre des lieux de résidences, en général modestes, qui cohabitent maladroitement avec une réalité tout autre : usine, ligne ferroviaire, axe routier, ligne à haute tension, etc. ».
En mettant en valeur ces disparités a priori non compatibles, le photographe s’inscrit dans la tradition classique de la photographie documentaire. « Je ne porte pas de jugement de valeur sur l’aménagement urbain. L’architecture et le monde industriel me fascinent et font partie de mon univers professionnel, explique ce concepteur mécanique en turbine hydroélectrique. L’habitation est notre bien le plus précieux. Elle reflète notre personnalité. Cette réalité que je montre n’est pas idéale. Elle est le fruit d’un compromis économique et social. On habite près de l’endroit où l’on travaille et en fonction de notre budget, souvent dans un environnement non désiré. La petite maison que l’on dessine au milieu d’une prairie avec un toit en pente lorsqu’on est enfant est rarement celle que l’on habite une fois adulte. »
Mises en lumière dans une exposition collective sur le même thème, les huit photos retenues incitent le spectateur à regarder longtemps pour comprendre la complexité de l’environnement, provoquant la réflexion. « Ce qui est vital pour moi, c’est la position que j’occupe par rapport à l’objet. Cela définit la relation entre les plans et détermine l’impact de l’image, à laquelle je ne fais aucune retouche ultérieure », poursuit celui qui est par ailleurs commissaire d’exposition.
« Je prépare l’exposition En transition qui réunira les travaux de six photographes à Toronto en mars 2018, puis à Montréal. J’ai rapidement réalisé que si on veut que quelque chose se passe, il faut l’organiser soi-même. Cela permet d’interagir avec des photographes de bonne réputation et de développer une vision d’ensemble, de la sélection jusqu’à l’accrochage. Autant de paramètres que j’aime défendre et qui nourrissent mes travaux »
À voir jusqu’au 30 octobre à la galerie Connexions, au 1840, avenue Danforth.
Photo (G.L.) : Guy Lafontaine photographie les habitations montréalaises qui côtoient les lignes à haute tension et autres usines, à la manière d’un documentaliste.