La Maison de la Presse internationale, dernier commerce torontois à vendre des livres en français, a cessé définitivement son activité la semaine dernière, faute d’être rentable. 

C’est un de ces articles que personne n’a envie d’écrire. Une librairie qui ferme, ce sont des dizaines d’histoires qui disparaissent. Une librairie qui ferme, c’est de l’intelligence en moins, de la réflexion disparue, de la poésie qui s’en va dans les égouts. Une librairie qui ferme ses portes, c’est une petite mort.

C’est aussi une défaillance collective. Qui allait acheter ses livres à la Maison de la Presse? Qui préférait les commander en ligne? Qui attendait un voyage à Montréal, à Paris, pour se charger de bouquins?

Qui y achetait ses journaux du pays, arrivés avec plusieurs jours de retard? À l’heure des tablettes et de la toile, un abonnement en ligne coûte moins cher, l’information est plus complète, plus instantanée. Mais voilà, plus de doigts tachés d’encre. Où est la beauté?

Une librairie, c’est un espace de liberté, c’est-à-dire, de diversité. Personne ne nous y force à lire quoi que ce soit, et on peut choisir. Une librairie qui ferme, c’est la pluralité des opinions et la liberté d’expression qui est atteinte. Et donc, un peu de démocratie qui s’envole.

Une librairie qui ferme, c’est du lien social qui disparaît en volutes de fumée noire. C’est le conseil d’un libraire passionné qui ne sera jamais formulé. C’est un coup de cœur d’un lecteur qui ne sera jamais recommandé à un autre. C’est de la chaleur humaine, du partage et de l’amour de la littérature qui disparaissent. 

Et puis, la Maison de la Presse internationale, c’était un endroit où la radio qui passait était Choq FM ou Radio-Canada. Bref, un îlot francophone dans la capitale ontarienne. 

Sur les réseaux sociaux, les Torontois se sont émus de cette perte, la plupart du temps en anglais sur Twitter, et en français sur Facebook. Avec toujours cette même question : « Où vais-je trouver mes livres de littérature francophone? » La réponse est aussi simple que désespérante : sur internet.