Hédi Bouraoui a reçu l’Ordre du Canada il y a quelques semaines. L’auteur d’origine tunisienne vivant à Toronto s’est rendu à Ottawa avec quelques membres de sa famille pour l’occasion. Après une cérémonie « minutée », « bien huilée » et « très efficace » selon ses propres mots, l’écrivain a fêté cette haute distinction en petit comité.

Au lieu de rester à la soirée, l’auteur a été dîné au restaurant avec sa famille. « Je n’aime pas beaucoup ce côté officiel, avoue-t-il. Je partage cet honneur avec ma famille proche et lointaine et avec mes amis de tous les continents et toutes les personnes qui sont éprises de beauté et de paix. »

Hédi Bouraoui n’en est pas à son premier prix. En 2004, il est nommé Officier dans l’Ordre des Palmes académiques et est fait Chevalier des Palmes académiques en France en 1996. Il reçoit également des prix littéraires tel le Prix Christine Dumitriu-van-Saanen du Salon du livre de Toronto en 2000.

Cependant, l’Ordre du Canada revêt en soi la reconnaissance suprême pour lui. « C’est la distinction la plus haute. C’est un honneur pour moi d’avoir reçu cet hommage. Mon travail est enfin récompensé à sa juste valeur », confie-t-il.

Il faut dire que M. Bouraoui est un écrivain très prolifique avec une cinquantaine d’ouvrages publiés en français et même en anglais dans presque tous les genres : poésie, romans, essais universitaires, livre sur la francophonie étant un ardent défenseur de toutes les francophonies.

« En anglais par contre, je n’ai écrit que des essais ».

Un auteur très divers donc, mais M. Bouraoui avoue que son genre préféré est la poésie, « mais ce n’est presque pas lu », souligne-t-il. Touche-à-tout, il a aussi créé de nouveaux genres littéraires comme le « narratoème », combinaison entre narration et poésie. « J’essaye de créer des choses nouvelles. Je ne veux pas copier Victor Hugo. J’essaye de laisser ma marque d’une écriture à la Bouraoui qui reflète ma vision du monde », glisse-t-il.

Malgré son succès en tant qu’écrivain Hédi Bouraoui n’oublie pas sa deuxième carrière : l’enseignement. À la retraite depuis presque 20 ans, l’ancien professeur à l’Université York a toujours un bureau au campus Glendon et les étudiants viennent le voir et l’interviewe pour leurs recherches et leurs thèses.

« Il est important pour moi de voir que j’aide des étudiants et d’informer leurs esprits, leur sensibilité, leur façon de penser et de voir qu’ils vont bien se débrouiller dans leurs professions et dans leurs carrières ».

Aujourd’hui, M. Bouraoui travaille sur un essai sur la francophonie et le transculturalisme, un mot qu’il a inventé et qui est le fait de bien connaître sa culture  pour la transvaser et la transmettre à quelqu’un de différent de vous. « On s’attend à ce que l’autre face de même. Cela permet un échange d’égal à égal. Je veux construire des zones de tolérance et de compréhension mutuelle. »

CRÉDIT PHOTO: Sgt Johanie Maheu, Rideau Hall