Elle écrit ses textes sous la dictée de ses expériences. De ses humeurs. De ses peurs et regrets, parfois. Gabrielle Goulet a beau n’avoir que 19 ans, elle a compris que, comme pour la littérature, on ne compose pas de bonne musique avec de bons sentiments. Il faut aussi y mettre un peu de ce qu’on a sur le coeur et qui pèse lourd pour atteindre une certaine densité.

« Je m’inspire surtout de ce que je vis et de ce que je vois autour de moi. Ça peut être mes propres peines de cœur mais je nourris aussi mes textes de ce qu’éprouvent les filles de mon âge. Et ce ne sont pas toujours des choses faciles », dit-elle

Auteure-compositeure-interprète, Gabrielle Goulet sort son tout premier album, Papillon. Un opus composé d’une dizaine de titres délicatement émouvants où l’artiste franco-ontarienne, entraînée par le flux et reflux d’une saine nostalgie, s’attarde sur ses amours déçues, les doutes qui l’assaillent au seuil de la vie d’adulte, ou sur ce père, le sien, à qui elle adresse un mea culpa teinté de regret pour s’être parfois manqués.

Autant de motifs sensibles qui disent un état, celui d’une jeune femme accomplissant sa métamorphose, et qui signent aussi son désir d’affranchissement résolu. « Je ne dis pas que c’est l’album de la maturité, ce serait prétentieux et hors de propos sachant que c’est mon premier. Ce serait davantage celui où je sors de ma chrysalide d’adolescente pour prendre enfin mon envol », souligne-t-elle.

Avant cela, la jeune femme avait déjà fait une première incursion remarquée sur le terrain de la musique franco-ontarienne. Et, génération oblige, c’est sur la Toile et les réseaux sociaux que Gabrielle Goulet s’est fait d’abord connaître, avec les titres Ta voix et Arc-en-ciel.

Comme d’autres talents montés en graine, Gabrielle Goulet a multiplié les apparitions sur scène avant d’accrocher la lumière de la notoriété. D’abord dans la région de Bourget, son village natal, puis dans les divers concours de la province. C’est lors d’une de ces compétitions, à Ottawa, que Michel Bénac, producteur chez Lafab, est séduit par ses accents mixant musique pop et country. Depuis, les choses se sont enchaînées, les émissions à la télévision, les radios et les festivals, dont les prestigieuses FrancoFolies de Montréal.

Tout va vite, y compris pour ce qui est de l’écriture de son premier album. « Mes textes me viennent assez facilement. Je ne saurais pas dire pourquoi. Je me laisse aller et puis, au bout d’une heure, sans que je m’en rende compte, une chanson est là, sous mes yeux. Il y a toujours des ajustements à faire ensuite avec les mélodies, mais en général, cela va plutôt bien », décrit-elle.

Comme tous les jeunes artistes pétris d’influences multiples, Gabrielle Goulet possède son petit panthéon intime où trônent ses figures tutélaires. Côté francophone, Véronic DiCaire figure dans son podium personnel. Si elle tend parfois l’oreille du côté anglophone, avec un faible pour les vocalises de Terry Underwood, entre autres, elle reste viscéralement attachée à la langue française. « Une fierté », lâche-t-elle.

À la veille de son concert, le lundi 25 février, à Mississauga, elle confiait sentir monter le stress, le bon en l’occurrence, celui qui conditionne les dépassements de soi sur scène. Sûrement l’effet Papillon.

Photo : Gabrielle Goulet