À quelques encablures du centre-ville de Toronto, le parc Tommy-Thompson offre un merveilleux havre naturel. Castors, rats musqués, visons, cormorans, hirondelles, pinsons, libellules et papillons se côtoient allègrement parmi des nuées de solidages, de carottes sauvages et de plants d’asclépiades. Un habitat idéal en somme pour les papillons, tout particulièrement le monarque.

Créé de toutes pièces à partir de remblais au cours des années 1950 dans le but d’agrandir le port de Toronto, cette péninsule de 500 hectares, aussi connue des Torontois sous le nom de Leslie Spit, finit par se trouver une vocation d’aire naturelle dans les années 1970. Le grand public peut aujourd’hui se rendre au parc le samedi ou le dimanche seulement pour faire du vélo, se balader à pied, observer les oiseaux et les papillons. Durant la semaine, il demeure le domaine exclusif des mastodontes qui effectuent un va-et-vient constant pour y déverser la terre et les roches issues des chantiers et du dragage de la baie de Toronto.

« Ce parc n’est pas entretenu comme les autres parcs de Toronto, explique Nathalie Racette du Toronto Conservation Authority (TCRA), l’organisme qui gère cette aire naturelle installée en plein milieu urbain. On laisse la nature telle quelle afin de protéger les espèces originaires d’Amérique du Nord et de favoriser une grande biodiversité. » Le parc abrite notamment un centre de recherche sur les oiseaux. 
Comme tous les ans à la fin août, période qui coïncide avec le départ des monarques vers le sud, Nathalie Racette organise le Festival du papillon. Pour la cinquième édition de cet événement, le grand papillon orange aux veines et bordures noires reste la vedette incontestée. Arrivé dans le parc au printemps pour y pondre des œufs sur les plants d’asclépiades, le monarque s’apprête à la fin de l’été à s’envoler pour un périple de 4000 km pour se rendre au Mexique. Alors que cela prit deux ou trois générations successives de ses ancêtres pour venir au Canada, ce même papillon parviendra à se rendre d’un trait à l’origine. Si la présence des asclépiades explique bien pourquoi le monarque fréquente le parc Tommy Thompson, on ignore cependant la raison qui pousse des millions de monarques à tous s’agglutiner sur une même colline à environ deux heures à l’ouest de la ville de Mexico.

Cette année, force est de constater que le monarque se fait rare. Est-il menacé comme beaucoup d’espèces migratoires par l’usage des pesticides et la perte d’habitat naturel? Au Canada, la protection des asclépiades est évidemment primordiale puisque l’œuf, la chenille, la chrysalide et le papillon en dépendent exclusivement. Un poison au sein de cette plante protège aussi le monarque de ses prédateurs. Les visiteurs accompagnés par Joshua Ben-Arie, guide bénévole pour le TCRA, furent quand même récompensés en cet après-midi ensoleillé par l’observation de quelques spécimens, une pitance comparée à d’autres années. Telle une star de cinéma, on entend le déclic des appareils photos dès que l’un d’entre eux fait une apparition!

Au printemps prochain, une autre génération de monarques viendra s’installer au parc Tommy-Thompson. Avec eux, des milliers d’oiseaux arriveront eux aussi du sud. C’est à cette époque que le TCRA convie les Torontois au Festival des oiseaux printaniers. En attendant, le parc offre une belle occasion de balade automnale ou hivernale.

Pour plus d’informations au sujet du parc Tommy-Thompson : http://www.tommythompsonpark.ca.

Photo : Nathalie Racette, organisatrice du festival