À première vue, cela paraît totalement impossible. Comment de si grosses pierres peuvent-elles ainsi tenir, empilées les unes sur les autres dans un équilibre si précaire? Les lois de la physique devraient-elles être revues? À quelle sorte de magie a-t-on affaire?
Zdzislaw Groszek ne se lasse pas de répondre aux questions des nombreux passants qui s’arrêtent pour admirer ses structures sur une plage de galets dans le parc de la rivière Humber.
« Est-ce que vous utilisez de la colle? », lui demandent certains, incrédules de voir qu’une si grosse pierre puisse ainsi tenir sur sa pointe. Ziggi leur répond qu’il suffit de la positionner très lentement et puis de chercher patiemment le point d’équilibre.
Alors qu’il était un peu déprimé et sans emploi, Ziggi se mis un jour à empiler ainsi des roches sur une plage du parc Stanley à Vancouver. Son nouveau passe-temps s’avéra alors être en une véritable thérapie. Nul besoin de médicaments, il devint soudainement un autre homme!
Peu de temps après, sa passion allait lui apporter de la notoriété. Installé sur une plage de False Creek durant les Jeux olympiques, Ziggi retint l’attention de centaines de curieux. Certains jours, il accumula jusqu’à 600 $ en dons. Une chaîne de télévision japonaise lui offrit même 2000 $ pour construire la plus haute pile de pierres possible. Défi réussi, puisqu’il parvint ce jour-là à atteindre le chiffre record de 26 grosses pierres!
On empile sûrement des pierres depuis des millénaires. Les Inuits construisaient bien des inukshuks pour se diriger ou bien pour indiquer des endroits propices à la chasse. Deux Américains, Bill Dan et Michael Grab, transformèrent ce passe-temps en une véritable forme d’art il y a une dizaine d’années. Depuis, il n’est pas rare d’apercevoir des empilements de pierres en équilibre dans les endroits fréquentés par les touristes.
Le vent se charge de détruire les œuvres que Ziggi construit patiemment pendant les week-ends. Les employés de la ville de Toronto, le « gouvernement »
comme il les appelle, lui demandent parfois de les détruire, de peur que quelqu’un se blesse en s’approchant des pierres. Ziggi me confie qu’il ne dépasse pas une certaine hauteur afin de ne pas blesser les nombreux enfants qui fréquentent la plage. « Mais où étais-tu? On ne t’a pas vu ces derniers temps », lui demandent parfois les habitués du coin, presque indignés de son absence. « J’étais en vacances, pardi! », leur répond Ziggi avec un grand sourire.
Comme quoi, même Ziggi a parfois besoin de vraies vacances pour se détendre!
Photo : Ziggi empilant des pierres sur la plage.