Jusqu’au 3 octobre, l’Alliance française de Toronto présente Célébration de l’appel des anciens vers la paix intérieure, une incursion onirique dans la culture et l’imaginaire métis par le biais de la peinture. L’exposition rassemble des toiles de Diane Montreuil, artiste et directrice de l’éducation au Conseil du Premier Peuple Métis du Canada. Comme c’est le cas pour bon nombre d’artistes ayant des racines autochtones, son approche puise à sa découverte de ses origines et à une volonté de conscientisation.

« Quand j’étais jeune, j’étais très confuse car j’essayais de comprendre à quel « côté » j’appartenais », explique Mme Montreuil. Née à Montréal, designer d’intérieur de formation, elle passe les premières années de sa vie sans chercher outre mesure à se revendiquer de cet héritage méconnu. C’est finalement à l’approche de la quarantaine, en Ohio, qu’elle fait le saut dans les enseignements traditionnels autochtones auprès d’une aînée Cherokee. Depuis, elle s’est engagée de mille manières à continuer son apprentissage, mais aussi et surtout à partager ses connaissances.

Puisque, pour Mme Montreuil, l’art et l’artisanat sont des passions de longue date, c’est tout naturellement vers ce medium qu’elle s’est tournée pour exprimer son attachement à la culture métisse. Au Canada, les réalités métisses sont surtout associées, pour des raisons essentiellement historiques, aux Prairies, de sorte que ce n’est que récemment que les Métis de l’est, auxquels appartient Diane Montreuil, ont commencé à se faire connaître et à revendiquer. Bien que certains rites et symboles soient communs à la majorité des Premières nations, d’autres sont plus spécifiques à certains peuples, et l’artiste, de par ses origines, s’inspire notamment des traditions algonquines.

Un thème lui est particulièrement cher : les grands-mères. De manière générale, ce sont les femmes qui assurent la pérennité des coutumes et la sauvegarde d’un certain état d’esprit. Les Premières nations voient les femmes comme étant les gardiennes de la vie. Malheureusement, elles souffrent également beaucoup de la situation socioéconomique qui a cours dans plusieurs réserves. Ce sont là autant de sujets qui ont inspiré des toiles à Mme Montreuil : la transmission intergénérationnelle entre femmes d’un savoir ancestral, le drame des femmes assassinées ou disparues, les symboles spirituels de nature féminine, etc. Peu importe la nation dont ils sont issus, la majorité des Autochtones et des Métis reconnaîtront ces thèmes familiers et les autres ne seront pas en reste puisque Diane Montreuil veille à faire comprendre ces réalités à tous. « C’est une façon de redonner à la communauté », commente l’artiste.

La danse du soleil, l’Île de la Tortue, la célébration du maïs, etc. : ces histoires et traditions sont mises à l’honneur de la plus belle façon, synthétisées par des coloris des plus chatoyants. « Pour moi, c’est un voyage intérieur », explique Diane Montreuil. Pour les autres, cette exposition est une merveilleuse initiation à l’univers métis.

 

PHOTO: Diane Montreuil aux côtés de sa plus récente toile, Cercle des Grands-Mères