Pour une deuxième année consécutive, les plages de Toronto accueillent la compétition de design Winter Stations.
Ouverte aux architectes, designers et urbanistes internationaux, Winter Stations invite ces artistes à repenser les postes de sauvetage des plages de Toronto Est afin de célébrer le paysage hivernal du front de lac, abandonné par sa population durant l’hiver.
« Nous parlions de lancer un évènement hivernal, explique Tomek Chwieszczenik, de Ferris + Associates, l’une des agences organisatrices de l’évènement. Nous voulions encourager les gens à sortir dehors. L’hiver est un moment faible au niveau de la programmation artistique. »
Fondée par les agences RAW Design, Ferris + Associates et Curio, la compétition a cumulé quasiment 400 dossiers de participation pour seulement quatre artistes ou groupe d’artistes sélectionnés ainsi que trois universités.
« Les juges ont recherché des installations techniquement impressionnantes, mais ils ont aussi regardé le mérite artistique des œuvres », précise M. Chwieszczenik.
Le thème de cette année est Gel/Dégel, un clin d’œil aux hivers de Toronto, longs et imprévisibles. Anticiper le printemps ou se concentrer sur la période hivernale, c’est le choix des artistes dont les œuvres joueuses et provocantes engagent une discussion avec le public.
Le ventre d’un ours, un canoë à émissions de vapeur ou un sauna, voilà quelques exemples des installations que le public aura la chance de découvrir jusqu’au 20 mars.
Parmi ces installations, les spectateurs retrouveront l’œuvre, Floating Ropes (Cordes flottantes) des architectes Elodie Doukhan et Nicolas Mussche, Français d’origine et Montréalais d’adoption.
Les deux artistes, partenaires dans la vie et au travail, se sont rencontrés il y a huit ans sur les bancs de l’École spéciale d’architecture à Paris. Arrivés au Canada il y a deux ans, ils sont venus tenter l’aventure à l’étranger avec comme projet à court terme d’ouvrir leur propre agence.
Le concours Winter Stations avait attiré leur attention. « Ces compétitions sont essentielles pour la ville et l’urbanité en général. La micro-architecture, c’est très important pour comprendre l’impact du design sur l’espace public », observe Elodie Doukhan.
L’installation Floating Ropes est composée d’une charpente en bois sur laquelle sont suspendues des cordes faisant le tour de la structure.
« On avait vu Toronto l’hiver dernier. Ce qui nous a tout de suite intéressés, c’était d’expérimenter au niveau de la matérialité. Trouver un matériau qui réagisse le plus possible aux changements météorologiques. C’est comme ça qu’on est arrivé sur la corde », explique Nicolas Mussche.
Le résultat est un objet réactif, actif et vivant dans le paysage très hivernal de plages torontoises. La corde, matériau qui – exposé à l’humidité et au froid – change complètement d’aspect, donne une dimension vivante à l’installation. « On a fait des tests dans notre congélateur au mois de novembre parce qu’il ne faisait pas assez froid », dit en riant l’architecte Elodie Doukhan.
Avec ses cordes bougeant au gré du vent et se gelant selon les températures, l’installation offre aux visiteurs l’expérience d’une œuvre de design en vie.
Winter Stations, à The Beach, jusqu’au 20 mars.
Photo: Les architectes Nicolas Mussche et Elodie Doukhan, devant leur installation en construction, « Floating Ropes »