Oasis Centre des femmes (Oasis) accueille de nombreuses femmes victimes d’agressions sexuelles dont certaines dans le contexte de pays en conflits armés tels que l’ancienne Yougoslavie, le Congo, le Rwanda et le Burundi.

« Les agressions sexuelles sont vraiment une arme de guerre », selon Dada Gasirabo, directrice générale d’Oasis.

Depuis une quinzaine d’années, l’organisme a enregistré la venue de beaucoup de femmes immigrantes victimes de conflits armés. « L’approche était la même, le soutien était le même alors que les besoins étaient différents et les femmes nous présentaient des enjeux que nous n’avions jamais prévus dans notre programmation », ajoute la directrice d’Oasis. Les services proposés n’étaient donc pas adaptés aux besoins de ces femmes.

Oasis décide alors d’y répondre de façon plus efficace en créant une étude « Recherche–action » dirigée par Ghislaine Sirois qui fut aidée par une équipe de travail et par l’université Laurentienne pour le côté éthique. « Nous voulions nous assurer que tout soit fait dans les règles de l’art », précise Mme Gasirabo.

Les femmes victimes de conflits armés ont été impliquées, se sont confiées et ont contribué à donner des solutions. Des questions concrètes leur ont été posées et Mme Sirois en parle : « Au centre de ce rapport, ce sont les femmes survivantes. C’est à elles qu’on voulait parler. Dans ce que vous avez vécu, qu’est-ce qui a aidé? Qu’est-ce qui a nui? Qu’est-ce qui aurait pu aider? De quoi aviez-vous besoin? Si Oasis développait quelque chose, qu’est-ce que ça serait? Qu’est-ce qui pourrait vous aider? »

Cette étude a pris environ deux ans et a été conçue en plusieurs étapes : entretiens individuels avec 9 femmes, puis groupe de discussion composé de 16 femmes, anglophones et francophones, qui partageaient des témoignages-chocs, donnant la voix aux femmes qui, pour la première fois, avaient une plateforme pour s’exprimer.

« À la fin, on a fait des comparaisons avec d’autres études », a indiqué Mme Gasirabo. L’organisme francophone a réalisé une étude avec des recommandations concrètes au niveau mondial, régional, et local qui peut même servir de modèle à d’autres pays. « C’est un travail qui n’a pas été fait partout. Notre rapport était unique en son genre, car il s’adressait aux femmes francophones immigrantes », poursuit-elle.

Après deux ans de recherche et de travail, Oasis sort donc le rapport Femmes honorables et a invité la communauté francophone afin de partager les résultats et recommandations. « Ça ne sert à rien de travailler seul sur un travail de grande envergure comme ça. Les mêmes femmes qui viennent à Oasis sont vues à Action Positive, à La Maison, au Centre francophone et au MOFIF », indique Mme Gasirabo.

 

Quelques recommandations 

⦁Favoriser la prise de parole des survivantes au moyen de rencontres, de la réalisation d’un documentaire dans le but de susciter des changements sociétaux

⦁Soutien mutuel entre les partenaires pour améliorer la capacité de rejoindre et desservir les survivantes

⦁Logement prioritaire et sécuritaire pour les survivantes

⦁Au niveau des états et institutions dont l’ONU : actions en vue de mettre fin à la violence envers les femmes, et plus particulièrement lors de conflits armés

⦁Pour les femmes qui habitent loin et qui ne peuvent pas se rendre aux ateliers pour quelques raisons que ce soit, les ressources et matériels seront accessibles en ligne. « Le cheminement va pouvoir se faire aussi de façon autonome », conclut Mme Sirois.

 

PHOTO – De gauche à droite : Ghislaine Sirois, Jeanne Françoise Mouè (La Maison), Mimosa Tulina (Collège Boréal) et Anna Laziri (APA)