Le jeudi 13 février, dans le cadre de son déjeuner-causerie, le Club canadien recevait Mona Fortier, ministre de la Prospérité de la classe moyenne et ministre associée des Finances. Députée d’Ottawa–Vanier, elle est la seule Franco-Ontarienne du cabinet fédéral et est également la première personne à occuper ce poste de ministre créé en novembre dernier.
La « prospérité de la classe moyenne » est un concept qui recouvre une grande variété de domaines et les questions que l’assistance a été invitée à poser étaient elles aussi des plus générales comme l’animateur, le journaliste Étienne Fortin-Gauthier, s’en est vite rendu-compte. Mais avant que Mme Fortier ne se mesure à la curiosité du public, elle a d’abord fait une brève présentation sur la nature de ses fonctions.
Être ministre de la Prospérité de la classe moyenne, c’est accompagner les autres membres du Cabinet dans leur processus décisionnel afin de veiller à ce que la croissance économique soit la plus inclusive possible. Cela veut donc dire que, bien que la classe moyenne soit sa priorité, Mona Fortier a également dans sa mire les moins fortunés de la population afin de promouvoir des mesures qui puissent les faire accéder à cette dite classe moyenne.
C’est d’ailleurs ce que la ministre a rappelé aux convives qui se demandaient pourquoi il n’y a pas un ministère des démunis, une priorité que plusieurs jugent plus urgente. Mme Fortier ne voit pas la société comme divisée en classes économiques aux intérêts forcément opposés : tout est interdépendant. « Pour renforcir la classe moyenne et créer de l’emploi, de qui a-t-on besoin? De tout le monde! », avance-t-elle.
Avec quelles variables la ministre évalue-t-elle le bien-fondé d’une politique? « C’est la qualité de vie et « l’abordabilité » qui permet de définir la classe moyenne », délimite d’entrée de jeu Mona Fortier. Rendre le quotidien plus facile pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde passe donc par des mesures d’ordre économique, mais il ne s’agit donc pas du fin mot de l’histoire. En effet, la ministre prend à témoin des gouvernements tels que ceux de la Nouvelle-Zélande et de l’Écosse qui ont inclus dans leurs décisions relatives aux dépenses publiques un « budget du bien-être », pour l’essentiel des investissements dans la santé mentale, la lutte à la pauvreté infantile, la prévention des violences familiales, etc.
Sans que le gouvernement fédéral ait révolutionné l’approche en la matière, la ministre Fortier n’a pas manqué de rappeler que son parti a introduit diverses mesures pour aider les petites gens : l’allocation canadienne pour enfant, la Stratégie nationale du logement, certaines réductions de taxe, etc.
En point de presse, questionnée à savoir ce que le gouvernement avait fait pour augmenter le pouvoir d’achat des Canadiens, Mona Fortier a admis qu’il y avait encore du travail à faire. Elle a cependant rappelé que les libéraux avaient répondu à une préoccupation majeure de la population en mettant en place des mesures pour faciliter l’achat d’une première maison.
L’accès à la propriété est une problématique à laquelle la ministre a été fréquemment confrontée au cours de ses échanges avec ses interlocuteurs dans le cadre de ses consultations pré-budgétaires, dont sa visite auprès des membres du Club canadien constituait le dernier volet. « C’est quelque chose qui retentit partout au pays, constate-t-elle, les gens sont anxieux. » Le logement abordable et la précarité de l’emploi causée par les changements technologiques sont deux autres sujets qui sont revenues souvent.
Malgré la complexité et le caractère parfois rébarbatif des nombreux champs d’intervention ouvert à son ministère, Mona Fortier semble manifestement ravie à la perspective de faire sa part pour ses concitoyens. Cependant, puisque son gouvernement est minoritaire, il y a fort à parier que son enthousiasme devra céder le pas à la patience.
PHOTO: Mona Fortier a répondu aux questions du public et du journaliste Étienne Fortin-Gauthier.