Alors que la rentrée approchait à grands pas en cette première fin de semaine de septembre, parents, enfants et amis se pressaient dans les allées du parc Woodbine pour se plonger dans le monde extraordinaire du festival Buskerfest, créé il y a 17 ans pour soutenir la lutte contre l’épilepsie.
Les visiteurs étaient amenés à faire don de quelques dollars à l’entrée du festival avant de rejoindre les excentriques personnages qui l’habitent.
Jongleurs de feu, acrobates, casse-cou, clowns, danseurs et comédiens, les artistes du monde de l’art de rue avaient déposé leurs valises à Toronto.
« J’ai besoin de vous. Montrez-moi que vous êtes là! », lance à la foule un artiste en équilibre sur une pyramide rocambolesque faite de planches et de caisses.
Le public, partie intégrante de l’art de rue
Une connexion directe au public, c’est bien cela la particularité de l’art de rue, dont les spectateurs deviennent souvent partie intégrante du spectacle.
« Je te reconnais! Toi! Mon ami Michka! », s’exclame Guinski, l’un des trois comparses du spectacle Made in Kouglistan, avant de happer sur scène un jeune spectateur sous les yeux rieurs de son amie.
Un chapeau aux allures russes sur la tête, une petite veste traditionnelle et le fameux « Michka » se joint au spectacle, se transformant tour à tour en joueur de triangle, danseur – faisant profiter la foule d’un déhanché timide, mais efficace – ou encore porteur de carottes.
« Il était très bon. II a bien fait ça. Quand tu mets devant une foule. Tu te mets dans une situation d’urgence, explique le fameux Guinski. Des fois, le public le traite [le spectateur] comme une rock star! Ça aide les gens à se libérer. »
L’univers de la compagnie de cirque Throw2Cach
Guinski dans la vraie vie est Gisle Henriet, accompagné sur scène par Barthélémy Glumineau et Guillaume Biron. Ils forment la compagnie de cirque montréalaise Throw2Catch.
Les trois circassiens se sont rencontrés sur les trapèzes de l’École de cirque de Montréal et présentent aujourd’hui, à travers le monde, leurs créations originales.
« Tous, on a travaillé dans de grosses compagnies de cirque. On a voyagé à travers le monde. On avait envie de revenir à nos sources, à quelque chose de très humain », note Barthélémy Glumineau, alias Bartec sur scène.
Les trois artistes entraînent le spectateur dans leur univers loufoque et déjanté, le monde imaginaire du Kouglistan où les petites danses improbables ont la part belle et où certains hommes peuvent voler avec ce rapport direct au public qui fait la particularité de l’art de rue.
« J’aime bien ce rapport qui est brut. C’est cash. Les gens ne sont pas obligés de rester », dit Guillaume Biron qui joue le joli Gandolf, un vaniteux des applaudissements du public.
Pourtant, le public reste. Mieux, il s’amasse et grossit à la vue de ces trois enchanteurs. Les enfants courent au premier rang pour ne pas manquer une miette du spectacle, tandis que les parents se prennent au jeu, tapant dans les mains au rythme des danses du Kouglistan.
Laurence Stenvot