La pandémie de COVID-19 perdure depuis 14 mois et la plupart des organismes de services directs à la population ont dû s’adapter rapidement à la nouvelle réalité pour répondre aux besoins de leur clientèle. Ce fut le cas pour Oasis Centre des femmes où les répercussions ont occasionné non seulement une réorganisation des services et des horaires du personnel, mais également une augmentation de cas due à l’isolement des femmes victimes de violence durant cette crise sanitaire.
« Le fait d’entrer en confinement et de s’adapter au télétravail, cela a été difficile car 75 % de nos services sont offerts en personne, explique Dada Gasirabo, directrice générale d’Oasis Centre des femmes. Ces services ont dû être altérés. Avant, nous n’avions jamais utilisé de liste d’attente car les femmes en crise ont besoin de nous immédiatement. Nous avons travaillé d’arrache-pied pour offrir des services et du réconfort à nos clientes au téléphone et aligner nos services avec des plateformes virtuelles. Ce sont là les premiers vrais impacts de la pandémie chez nous. »
Un autre impact a été l’augmentation de la violence faite aux femmes causée par un plus grand isolement depuis le début de la crise sanitaire. « Le nombre de femmes tuées en période de pandémie est beaucoup plus élevé, ajoute Mme Gasirabo. Durant les trois premières semaines au printemps de 2020, nous avons connu une augmentation de 120 % du nombre d’appels d’aide pour nos services. L’inquiétude, le stress, le manque de ressources et le fait de rester à l’intérieur et de n’avoir aucune ressource pendant qu’elles souffrent sont tous des facteurs qui ont ajouté à notre charge de travail chez Oasis. »
« Nous avons mis en place une ligne flottante parce que FEMAIDE est provinciale, tandis que l’autre est celle d’Oasis pour obtenir des services d’urgence directs, mentionne-t-elle. Nous devions nous assurer de trouver des manières de répondre aux besoins de ces femmes. Du même coup, cette crise nous a démontré l’importance de nos services pour les femmes francophones de la région. »
Sur le plan des ressources humaines, l’organisme n’a pas perdu d’employées mais avait des postes à pourvoir. « Avec la COVID-19, il était difficile d’embaucher et plusieurs de nos employées ont dû occuper deux ou trois postes à la fois, indique la directrice générale. Nous manquions de ressources alors nous nous sommes mobilisées pour nous entraider. Il y a eu la fatigue, le surmenage et le fait que nous sommes toutes des mamans aussi! Nous avions également nos propres défis avec nos familles. Il a fallu être flexible au niveau des horaires et reconnaître que ce travail est fait par des femmes et pour des femmes. Nous avons mis en place de meilleures pratiques en explorant de nouveaux outils électroniques d’intervention comme On Call Health, une plateforme d’intervention en face à face où les femmes témoignent de leurs besoins avec une intervenante. »
L’organisme a aussi mis en place le projet Antennes d’influence communautaire où les femmes ont profité d’un espace de parole pour parler de leurs expériences durant la pandémie. Au cours de la pandémie de la COVID-19, les règles de confinement et de distanciation sociale ont exacerbé les violences vécues par les jeunes filles et les femmes déjà exposées à de multiples formes de violence (conjugale, sexuelle, économique). « Antennes d’influence communautaire » est un projet destiné à solidifier les liens entre les communautés ethnoculturelles et les organismes communautaires afin de répondre aux besoins des femmes francophones vivant des situations de précarité, de violence et d’isolement dans le confinement, explique Mme Gasirabo. Par le billet du projet, nous désirons renforcer la capacité de la communauté à toucher les femmes francophones de 16 ans et nouvellement arrivées en tant que réfugiées ou immigrantes des régions du Grand Toronto et de Halton-Peel. Ces femmes sont aux prises avec des besoins en établissement particulièrement critiques en cette période de pandémie, d’isolement et de vulnérabilité accrue aux violences. Une attention particulière est accordée au renforcement de la sécurité de ces femmes. Pour mener à bien ce projet, nous travaillons en collaboration avec un comité aviseur constitué de leaders communautaires naturels (religieux ou confessionnels, ou de même appartenance communautaire ou ethnique). Ces leaders collaborent avec nous afin de développer des stratégies pour rejoindre les femmes et leurs enfants visés par le projet et leur offrir l’aide et les ressources dont elles ont besoin. »
La deuxième phase du projet sera le renforcement de ces groupes de femmes. Le but est de créer une chaîne de solidarité où les femmes vont pouvoir gérer leurs propres défis dans leur communauté. « Je souhaite que l’on retourne à la normale bientôt, que cette crise communautaire se termine et que l’on rebâtisse notre santé mentale à tous. J’ai été très encouragée par le récent budget fédéral que la ministre Freeland a qualifié de féministe. Nous espérons que les financements continueront pour ces femmes qui ont besoin de nos services », conclut Mme Gasirabo.
Au cours de la période de confinement, tous les services en personne sont interrompus, mais les employées d’Oasis restent toujours disponibles par courriel, par téléphone, par OnCall Health, ou par le biais des médias sociaux. Les femmes peuvent téléphoner au 438 994-4722 pour parler à une intervenante.
PHOTO (crédit: Oasis) – Dada Gasirabo