Mai est le mois de la photographie à Toronto. Comme chaque année, des œuvres de photographes du Canada et du monde entier sont présentées jusqu’au 31 mai prochain dans plus de 175 endroits à travers la ville. Parrainé par la Banque Scotia, le Festival de la photographie Contact de Toronto a choisi pour thème cette année la relation entre l’identité et la photographie. Au Musée d’art contemporain canadien (MACC), on retrouve quatre artistes francophones au sein de l’exposition Material Self – Performing the Other Within. 

L’exposition explore cet autre être qui réside en nous. Les artistes présentent des clichés d’eux-mêmes ou bien d’autres personnes. Apparaît alors un personnage mythique, une croyance ou bien une culture particulière. 

L’artiste français Charles Fréger se spécialise dans les séries photographiques de groupes particuliers tels qu’un corps de métier, des militaires ou bien des sportifs. Pour les besoins de La figure du sauvage (Wilder Mann), il a parcouru l’Europe entière à la recherche de personnes qui participent à des rites païens et affectionnent de se déguiser en « homme sauvage ». Les personnages se tiennent seuls au beau milieu de paysages qui paraissent inhospitaliers, habillés de peaux, de cornes d’animaux ou de végétaux. L’effet est spectaculaire et fait penser à des personnages sortis tout droit d’une quelconque mythologie ancienne. 

Pour réaliser Ya Kala Ben, l’artiste suisse Namsa Leuba s’est rendue en Guinée, le pays d’origine de sa mère. Elle présente une série de portraits de femmes africaines. Leur habillement se situe au carrefour de la société occidentale et de la culture traditionnelle africaine. Les femmes se tiennent dignement, telles des reines. Elles portent des tissus variés, mais toujours arrangés de façon traditionnelle. Ces portraits furent interprétés par certains comme un affront aux valeurs traditionnelles africaines. 

Dans Erlking, l’artiste franco-manitobaine Dominique Rey se transforme en une créature maléfique inspirée de la mythologie allemande. On la voit, dans une courte vidéo et dans plusieurs clichés, parcourir les lacs glacés, sans doute à la recherche d’un malheureux voyageur égaré. Ses costumes en matériaux synthétiques et de couleur fluorescente ajoutent des bulbes à son corps. Dominique Rey se fond totalement dans son personnage.  

De père suisse et de mère japonaise, David Favrod réaffirme son identité japonaise à travers des portraits de lui-même dans Gaijin, mot japonais pour désigner l’étranger. Il tire son inspiration de vieilles photos et d’histoires de famille qui sont venues jusqu’à lui. Dans un des clichés, on le voit habillé en aviateur « kamikaze », prêt à se rendre sans doute en mission suicide. S’étant vu refuser la nationalité japonaise, David Favrod envoie ainsi un message poignant à ses détracteurs. 

Une fois exposé au grand jour, cet « autre en nous » révèle parfois des surprises.

Pour plus d’information sur le Festival de la photographie Contact de Toronto : www.scotiabankcontactphoto.com. 

Photo : Thunderhead