Le récent passage de l’Ensemble de violons tziganes de Cannes aura laissé une trace indélébile à l’Alliance française. Les Torontois répondirent avec enthousiasme puisque ce concert fut donné à guichets fermés.

Constitué d’actuels et d’anciens élèves du Conservatoire à rayonnement département de Cannes (C.R.D.), ce groupe musical avait choisi la Ville reine comme première étape de sa tournée au Canada, périple qui allait mener ces jeunes, quelques jours plus tard, à Montréal puis à Québec.

Sous la direction de Jean-Jacques Calvi, ces 16 jeunes musiciens explorent un type de musique différent de celui qu’ils ont l’habitude d’étudier au conservatoire, une façon plus spontanée de jouer de leur instrument. On joue de la musique tzigane sans partition et selon l’inspiration du jour. On l’apprend à l’oreille en observant les experts.
C’est en 1976 que Jean-Jacques Calvi découvrit cette merveilleuse musique venue d’Europe centrale. Alors professeur au conservatoire, il fut invité par un groupe de Sinti venu du Piedmont à partager leur musique, leur philosophie et leur manière de vivre.

« Au début, je ne voulais pas entendre parler d’eux. J’ai alors découvert cette musique extraordinaire qui vient du cœur. Aujourd’hui, elle me transcende », expliquait M. Calvi à l’issue du concert. M. Calvi fut tellement emballé qu’il partit en tournée avec cette tribu de nomades pendant une quinzaine d’années. Un tel savoir ne pouvait rester l’apanage d’une seule personne. M. Calvi résolut donc de le partager avec ses élèves du conservatoire en créant cet ensemble en 1989.

Depuis sa création, l’ensemble est allé charmer les publics du sud de la France. Il s’est également rendu à Budapest, Madrid et même en Inde, pays d’origine des Tziganes. Deux séjours au Kulturalis Talentum Forum de Budapest, une école où on enseigne encore cette musique, provoquèrent une véritable métamorphose chez les jeunes musiciens.

M. Calvi se souvient encore de ce conseil prodigué par un professeur hongrois à une jeune virtuose : « Non, ce n’est pas comme ça que l’on joue. Laisse-toi aller et écoute ». Il fait d’ailleurs un rapprochement entre la musique tzigane et le jazz. Selon lui, les violons sont à la musique tzigane ce que les cuivres sont à la musique de jazz.

C’est justement ce sentiment de liberté, cette façon de jouer en improvisant selon l’humeur du moment que Sébastien Truchi, Dianne Bouchet et Annabelle Dugast semblent apprécier. Ces trois musiciens éprouvent un déclic chaque fois qu’ils interprètent les Danses hongroises de Brahms ou des airs célèbres tels que Le temps des fleurs, Les yeux noirs, L’alouette ou encore Kalinka. Cette musique venue de Roumanie, de Hongrie, de Russie et d’Ukraine de manqua pas de transporter le public de l’Alliance dans la joie et la mélancolie.

Photo : Vue d’ensemble des jeunes musiciens sous la direction de Jean-Jacques Calvi (extrême gauche)