Comprendre l’autisme pour peut-être un jour le traiter. Aider les personnes atteintes des troubles du spectre de l’autisme (TSA) à se débrouiller dans les situations sociales et les relations interpersonnelles. Tel fut le thème abordé lors du récent Café scientifique à l’Alliance française. Le service pour la science et la technologie du Consulat général de France à Toronto avait invité deux éminents spécialistes dans le domaine.
Evdokia Anagnostou, chercheuse au Bloorview Research Institute et professeure associée à l’Université de Toronto, vint expliquer les recherches qu’elle mène pour comprendre les différences biologiques associées à l’autisme. Le Dr James Bebko, professeur à l’Université York, rendit compte du projet d’accompagnement qu’il a mis en place depuis six ans auprès d’une vingtaine d’étudiants présentant des troubles du spectre de l’autisme dans son campus.
L’autisme se manifeste sous plusieurs formes et varie en intensité. En général, les personnes vivant avec le spectre de l’autisme éprouvent des difficultés pour communiquer et à interagir avec les autres. Ils font parfois des gestes répétitifs ou nourrissent des obsessions. Bon nombre d’entre eux souffrent d’anxiété et de dépression. Certains peuvent avoir un faible niveau cognitif, alors que d’autres sont très développés du point de vue intellectuel.
Identifier la différence biologique, puis la manipuler à des fins thérapeutiques, voilà en résumé les recherches effectuées par Evdokia Anagnostou. Elle a constaté que les personnes atteintes d’autisme semblent afficher une faible teneur en ocytocine, une hormone produite en grande quantité chez les femmes lorsqu’elles accouchent ou allaitent. Il semblerait cependant que cette hormone est aussi impliquée dans la transmission des messages et exerce une influence sur l’interprétation des émotions des autres. Peut-on ainsi expliquer pourquoi ils ont tant de difficultés dans les relations sociales?
Voyant que l’on diagnostique de nos jours un nombre croissant de personnes ayant des troubles du spectre de l’autisme, James Bebko émit l’hypothèse que cette tendance devrait aussi se manifester à l’université. Lui vint alors l’idée de les rencontrer et de tenter de les aider à s’intégrer dans la vie estudiantine. Si la performance académique ne pose pas problème pour ces étudiants ayant un niveau intellectuel élevé, par contre, la vie sociale au sein d’un campus est difficile. Ne pas interrompre incessamment le professeur, se rendre à une fête où l’on boit, développer une relation intime, comprendre l’humour ou le sarcasme représentent de véritables défis. Une vingtaine d’étudiants de l’Université York vinrent d’eux-mêmes ou bien furent recommandés par les services aux étudiants. Un système de mentorat et des rencontres en groupes furent mis en place. Les étudiants allèrent même jusqu’à créer un groupe privé sur Facebook.
Si les étudiants vivant avec le trouble du spectre de l’autisme semblent tirer profit d’un tel réseau de soutien, les mentors eux aussi trouvent l’expérience enrichissante. Un bel exemple d’inclusion et de respect de la différence.
Photo : Dr James Bebko