Deux jours à peine après la fête de l’aid (Fête du mouton pour les musulmans), le 22 juillet dernier, l’organisme CinéFranco a organisé un webinaire ayant pour ambition d’explorer les communautés africaines francophones.

Animé par Marcelle Lean, fondatrice et directrice artistique de CinéFranco, ce premier volet a porté sur le film documentaire Bons baisers du bled, écrit et réalisé par la Française d’origine maghrébine, Linda Bendali.

La quête des origines est justement le thème principal de ce film qui retrace le chemin des immigrés marocains, algériens et tunisiens qui rentraient chaque été au bled pour les vacances durant les années 1980 et 1990, la fameuse époque de la « 504 break chargé » comme l’avait chanté le groupe 113.

Pour monter ce film, la réalisatrice a puisé dans sa propre histoire. Plus que cela, elle a utilisé des images d’archives personnelles rares sur lesquelles une narration fluide et teintée d’humour est venue s’y greffer.

Ainsi, il en ressort après visionnement que si cette transhumance estivale – comme l’appellent les intéressés eux-mêmes – est essentielle pour la première génération d’immigrés maghrébins en France, elle l’est moins pour la deuxième génération et encore moins pour la troisième.

Toutefois, cela n’enlève en rien à la magie, les rires et les anecdotes colorées que ces souvenirs évoquent chez ces immigrés par procuration parentale comme cela est le cas pour l’une des panélistes de cette rencontre, Fatima Khlifi, Française d’origine tunisienne ayant grandi en France avant de venir s’installer au Canada il y a huit ans. 

« Ce film m’a fait prendre conscience d’une chose : dans ma vie d’enfance, j’ai eu du mal à distinguer le temps passé en France et celui passé en Tunisie, et ces retours au bled durant les vacances y sont pour beaucoup », avoue-t-elle.

Quand à Marcelle Lean, elle-même née à Casablanca, au Maroc, avant d’immigrer en France puis au Canada, « ce qui est remarquable dans le documentaire de Linda Bendali, c’est que les gens ne faisaient pas cas de la caméra, ils se comportaient comme si la machine n’existait pas. C’est ce qui, à mon sens, a donné cette magie et cette spontanéité aux images ».

Vous l’aurez sans doute compris, encore plus si vous êtes immigrés – à l’instar de votre serviteur –, l’essence de tout cela est une question d’appartenance et d’identité comme le souligne un personnage du film : « Sans identité, on n’est rien ».

Or, notre identité n’est-elle pas l’instant, le présent, car nous ne possédons ni le passé ni le futur? Ne se construit-elle pas chaque jour partout où on se trouve? À méditer!  

SOURCE – Soufiane Chakkouche