Insolite de voir une douzaine de Torontois en train de se livrer à une danse bretonne dans ce charmant petit café de l’ouest de la ville, niché au coin des rues Bloor et Westmoreland. El Cafecito reste habituellement fidèle à ses racines latines en servant expresso, latte, capuccino, biscotti et en organisant deux fois par semaine des soirées salsa et tango. « Cette danse bretonne s’appelle Andro. On la danse en ligne tout en se tenant le petit doigt », explique Tangi Ropars aux clients en ce lundi soir.

Quelques minutes suffisent pour qu’on ait tout à coup l’impression d’assister à un bon petit Fest-Noz (fête bretonne) tout droit sorti d’un bistrot de Bretagne. À peine débarqué à Toronto il y trois ans, le jeune accordéoniste s’est mis à partager à qui va sa connaissance de la musique et de la danse bretonne dans notre ville. Rejoint par Emelyn Stam, jeune violoniste torontoise convertie à la musique folklorique lors d’une tournée estivale en France, et par David Clysdale, joueur d’accordéon piano, le trio entraîne rapidement les convives dans une série de danses françaises et celtiques. La clarinette de John David Williams viendra s’ajouter à cet orchestre improvisé quelques instants plus tard.

La soirée commence par un « cercle circassien », danse en cercle pratiquée non seulement en Bretagne mais aussi dans la plupart des pays de l’Europe de l’Ouest. Tangi Ropars explique que cette danse a pour but de nouer des liens entre les participants. Résultat accompli à en juger par l’entrain des danseurs qui, pour la plupart, ne s’étaient jamais rencontrés avant ce soir-là. On enchaîne tout naturellement alors avec des danses en couple comme la bourrée auvergnate ou la « scottish ».

« C’est ma fille qui m’a fait venir ici ce soir », déclare Ragui Rabbat, francophile égyptien venu à Toronto dans les années 1970. Son ami d’enfance et ancien camarade d’école Henri Behamdouni n’a pas hésité à l’accompagner. Éduqués dans un collège français à Alexandrie, les deux amis entretiennent les liens qu’ils ont tissés durant leur enfance avec la culture française et la langue de Molière.

Katya Kuznetsova, gérante du petit café et d’origine russe, enseigne la danse salsa tous les jeudis. Anne-Marie Polistuk, une amie venue en voisine, estime que cette petite touche bretonne contribue à renforcer les liens entre les habitants du quartier. Elles n’hésitent pas à quitter le bar et la machine à café pour venir prêter main-forte aux danseurs. Dans l’espace de quelques minutes, la magie de la diversité culturelle de notre ville s’est opérée. La petite Bretagne celtique est venue se mêler au monde latino et slave.

El Cafecito organise des soirées de musique et de danse bretonne et française le lundi soir, des soirées tango le mercredi et salsa le jeudi. Pour plus d’information, visitez la page Facebook : www.facebook.com/elcafecitotoronto.

Photo : Les participants dansent un cercle circassien.