« À l’origine, nous sommes tous d’Afrique! », aime à rappeler Angélique Kidjo, la vedette internationale béninoise de passage à Toronto pour la 31e édition de la Franco-Fête. Aucun de ceux qui montèrent sur scène pour danser avec elle ni les quelques mille autres qui assistaient au spectacle ce samedi soir le démentiront.
Dans le but de présenter une programmation qui tienne compte de la diversité de la population francophone de Toronto, les organisateurs avaient décidé cette année d’offrir un menu résolument international. Un cocktail d’artistes africains, européens, québécois et franco-ontariens se succédèrent donc sur la grande scène de la place Yonge-Dundas, un nouvel endroit choisi pour sa grande visibilité et sa facilité d’accès.
Il incomba donc à Angélique Kidjo, désignée comme « la première diva d’Afrique » par le magazine américain Times et récipiendaire de deux Grammy Awards, de montrer de quoi est fait le public torontois. L’artiste béninoise s’acquitta de cette tâche avec brio en invitant l’assistance à reprendre en cœur ses plus célèbres morceaux et même à monter sur scène pour démontrer crânement ses talents de danseurs.
Petit bout de femme, Angélique dégage sur scène une énergie extraordinaire et établit une parfaite communion avec son public. Dès son premier numéro, les spectateurs se sentirent engagés par le rythme enivrant de sa musique, un mélange de musique africaine traditionnelle et moderne. Des morceaux comme Kelele, Afrika et Malaika incitèrent immédiatement l’auditoire à danser et à chanter. Au grand ravissement du public, sa magnifique interprétation de Pata Pata offrit un vibrant hommage à son idole, l’artiste sud-africaine Miriam Makeba. Petite fleur, chanson écrite par Sidney Bechet et chantée en français par Henri Salvador, ajouta une note de tendresse à une soirée ô combien trépidante.
Entre les chansons, Angélique Kidjo prit un grand plaisir à partager des anecdotes souvent drôles tirées de son enfance passée à Cotonou au Bénin. Elle ne manqua cependant pas de mentionner les causes sociales pour lesquelles elle ne cesse de militer : éducation des filles, violence envers les femmes, tolérance et paix. À ce titre, Angélique Kidjo voyage à travers le monde comme ambassadrice de l’UNICEF depuis plus de 10 ans. Ses efforts ne sont pas passés inaperçus puisque le journal The Guardian, la BBC et le magazine Forbes l’ont choisie comme étant une des personnalités africaines les plus influentes de la planète.
D’une apparition remarquée lors de l’ouverture de la coupe du monde de soccer en 2010 à un concert à guichets fermés au célèbre Carnegie Hall de New York, on se rend soudain compte du chemin parcouru par la petite fille qui ne cessait de répéter les mêmes chansons à sa maman. Lors d’un récent voyage au Bénin, la devise « Un travail opiniâtre vient à bout de tout », affichée à l’entrée de son ancien lycée, ne fut pas sans lui rappeler le conseil qu’un jour sa grand-mère lui prodigua : « On peut tout faire dans la vie à condition qu’on en ait volonté. »
En plus d’Angélique Kidjo, les autres étoiles de la soirée furent les nombreux membres de l’assistance qui vinrent danser avec elle et ses musiciens à la fin du spectacle. Au grand étonnement des membres du service de sécurité, Angélique Kidjo n’hésita pas à descendre micro en main parmi les spectateurs et à les inviter à monter sur scène, faisant d’eux tout à la fois public et vedettes d’un soir.
Photo : Angélique Kidjo établit une parfaite communion avec son public.