Il semble loin le temps où AfroFest attirait quelque 2000 personnes derrière la législature ontarienne. Vingt-cinq ans plus tard, plus de 100 000 spectateurs se rendent au festival annuel de musique africaine de Toronto. L’événement se tient désormais au parc Woodbine dans l’est de la ville et s’étire sur un week-end entier.
« Cette croissance reflète la taille de la communauté africaine aujourd’hui à Toronto. Beaucoup d’Africains ont immigré ici ces dernières années, explique Michael Stohr, président de Music Africa, organisme de bénévoles chargé de l’organisation d’AfroFest. Le festival souhaite aussi présenter l’Afrique dans toute sa diversité car il s’agit bien d’un continent multiculturel, multilinguistique et multiracial. Nous essayons d’effacer les stéréotypes. »
Toronto compte environ 400 000 personnes d’origine africaine, soit 10 % de la population de la Ville reine. Un grand nombre d’entre elles sont venues de pays francophones d’Afrique, que ce soit du Maghreb, de la corne de l’Afrique ou bien de l’Afrique de l’Ouest. Tous contribuent largement au dynamisme de la communauté francophone de la capitale ontarienne.
La présence de grands noms de la musique africaine est sans doute aussi pour beaucoup dans l’augmentation de la fréquentation. Cette année, Alpha Blondy, la superstar ivoirienne, a attiré une foule lors de son concert le samedi soir. Selon les organisateurs, ce concert a enregistré la plus grande assistance de toute l’histoire du festival. Une cinquantaine d’autres artistes venus ou originaires des quatre coins de l’Afrique se sont succédé sur les deux scènes aménagées dans le parc. Environ 70 vendeurs de nourriture, livres et autres articles liés à la culture africaine étaient installés tout autour de l’immense terrain.
« Le festival est un grand succès du point de vue artistique. Nous attendons de voir la réaction de nos vendeurs à l’issue du concert afin de faire un bilan définitif », confie Peter Toh, directeur artistique du festival. À première vue, les ventes allaient bon train en ce dimanche après-midi malgré les orages menaçants.
Les francophones auront apprécié la musique d’un des leurs, Jacko Backo. Ce percussionniste, danseur et chorégraphe d’origine camerounaise est venu poser ses valises à Toronto il y a plus de 20 ans après un long périple qui l’a conduit à travers plusieurs pays africains et en Europe.
« C’est ma 17e participation à AfroFest », fait remarquer Jacko Backo avec son sourire habituel, quelques instants avant de monter sur la scène principale du festival. Les nuages sombres qui traversaient le ciel et les flaques d’eau qui s’amoncelaient au pied de la grande scène ne diminuèrent en rien l’ardeur des quelques danseurs parmi le public.
Au terme du festival, un moment de recueillement fut observé pour Nelson Mandela, le père de la nation sud-africaine et champion de la lutte contre l’apartheid, qui demeure souffrant dans un hôpital de Johannesbourg. Alors que l’esprit était à la fête, « Madiba » restait résolument dans le cœur de tous.