Action Positive a rassemblé la communauté francophone à l’hôtel Ramada au centre-ville, le 29 novembre dernier, pour fêter ses cinq ans. 

C’est toujours étrange, un anniversaire comme celui d’une association telle Action Positive. Ces associations qui existent à cause d’un fléau, pour ce fléau, et par ce fléau. Toutes ces énergies, tous ces rassemblements, toutes ces émotions, ces volontés, ces bénévoles inconnus, tout ça, à cause d’une seule chose. Une seule. Un virus. Le VIH. Un nom efficace. Trois lettres simples et accrocheuses. Presque un sigle réussi. Le nom est plus ardu : Virus de l’immunodéficience humaine. Un rétrovirus responsable après incubation de plusieurs années du Sida. Un autre sigle efficace devenu d’une banalité quotidienne dans nos vies. Sida, Syndrome d’immunodéficience acquise. Le VIH attaque le système immunitaire, s’il n’est pas traité.

Et c’est là l’espoir. Il existe des traitements pour le VIH. Des traitements qui permettent de vivre, tant que faire se peut, plutôt normalement avec le virus. Et qui permettent aussi de prévenir les transmissions. Un traitement efficace pris dans de bonnes conditions permet de réduire la part du virus dans le sang de manière radicale (d’obtenir une charge virale nulle) et donc de rendre le risque de probabilité de transmission « égale à zéro ».

Mais les mentalités sont malheureusement plus longues à évoluer que la science. Encore aujourd’hui, au Canada, le Sida est encore synonyme de mort pour bien des gens. Et c’est aussi là que des associations telle Action Positive sont indispensables. Par les mots, mais aussi par l’exemple. En montrant, par ses membres et employés qui vivent ouvertement avec le VIH, qu’une vie est possible, et même, qu’elle peut être belle. Surtout, Action Positive aide les gens qui vivent le VIH à vivre. Le témoignage public de Patrick, particulièrement bouleversant, l’a rappelé. 

Du côté des nouvelles du front, le président historique de l’association, le truculent Jean-Rock Boutin, son énergie et son bagout tire une révérence de quelques mois. 

« Raisons de santé ». Parfois, le guerrier pose son épée pour trouver le repos. Michel Lussier, vice-président, occupera la présidence jusqu’à son retour. « Je resterai présent de chez moi pour soutenir le conseil d’administration et les employés, mais je ne peux plus assumer les responsabilités et le travail de président », a déclaré M. Boutin. 

Gilles Marchildon, qui a quitté la direction de l’association pour diriger Reflet Salvéo en septembre dernier, a été temporairement remplacé par Éric Cader. Samedi dernier, deux jours avant le 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le VIH, Action Positive a rassemblé la communauté francophone de Toronto pour fêter son anniversaire. En espérant qu’il n’y en ait pas trop. Le but d’Action Positive, comme de toutes les associations de lutte contre le VIH, est de détruire le virus. Dans les corps, mais aussi dans les têtes. Après, et après seulement, la lutte sera gagnée, et elle pourra, comme son roc de président, se reposer.

Photo : Le conseil d’administration. De gauche à droite : Emmanuel Essorbo, Cécile Kazatchkine, Jean-Rock Boutin, Michel Lussier, Odette Manefeng et Pierre Fournier