Ils s’en allèrent la fleur au fusil, plein d’enthousiasme, prêts à défendre la mère patrie et les principes de liberté. Beaucoup périrent dans une tranchée à Ypres ou Passchendaele, leur corps enterré dans un lointain cimetière de la Somme. Pour apaiser leur peine, leurs êtres chers restés à Toronto se résignèrent à ériger une simple stèle commémorative, une tombe ou parfois même un mausolée dans le cimetière Mount Pleasant. Il faudra attendre les conflits de la deuxième moitié du XXe siècle pour voir les corps des soldats ramenés au pays. 

En ce 100e anniversaire de l’entrée en guerre du Canada dans la Grande Guerre, la Société d’histoire de Toronto organisait en collaboration avec Heritage Toronto une visite guidée bilingue des tombes des soldats canadiens au cimetière Mount Pleasant. 

Moins nombreux que les anglophones, la dizaine de francophones qui participèrent à cette visite n’en furent pas moins captivés par les propos du guide Gilles Huot. 

Certains de nos soldats périrent avant même de poser le pied sur le sol européen. Ce fut le cas pour Wilfred Burt Tait qui trouva la mort alors qu’il s’entraînait comme aviateur sur l’aérodrome de Leaside. Déjà à cette époque les Canadiens étaient reconnus comme d’excellents pilotes. Le Canada fut aussi jugé plus sécuritaire comme terrain d’entraînement pour l’aviation, car très éloigné du front. Un groupe de 120 membres de l’Armée du Salut ne virent jamais le théâtre de guerre puisque leur navire sombra alors qu’il naviguait encore dans le golfe du Saint-Laurent. Certaines familles paieront le prix fort puisqu’elles perdront plus d’un de leurs fils. Les deux cousins Cockburn reposent en Europe, mais un monument perpétue leur mémoire dans la postérité au cimetière Mount Pleasant. Les riches comme les pauvres ne furent pas épargnés. Les Eaton, Black et Massey furent tous endeuillés. 

Il ne faisait pas bon être originaire d’un pays ennemi. Prenons le cas de Vincenzo Franceschini qui fut interné dans un camp de « citoyens ennemis », quand bien même il mit son entreprise à contribution dans l’effort de guerre. 

Pour d’autres la guerre fut le théâtre de leurs exploits. William George Barker demeure aujourd’hui le plus décoré de tous les soldats canadiens. Ses exploits à bord de son avion lui vaudront de multiples décorations, dont notamment la célèbre Croix de Victoria. William Barker s’associera en affaires après la guerre à un autre as de l’aviation, un certain Billy Bishop. William Barker repose dans un magnifique mausolée, sépulture digne de son rang. 

On y trouve aussi des tombes qui commémorent le souvenir de soldats canadiens qui ont participé à d’autres conflits tels que la Rébellion de la rivière Rouge, la Guerre des Boers ou la Deuxième Guerre mondiale.

Tous se sont éteints, mais leur souvenir demeure dans ce magnifique cimetière qui ressemble à s’y méprendre à un parc. 

Pour plus de renseignements sur les visites guidées de la Société d’histoire de 

Toronto : www.sht.ca.

Photo : Une ancre pour un marin perdu à jamais