Une quarantaine de passionnés du patrimoine autochtone ont répondu à l’invitation de la Société d’histoire de Toronto, le dimanche 27 août, pour une excursion cette fois loin du tumulte de la Ville reine, au cœur de la réserve des Mississaugas de New Credit. En ce jour de pow-wow, le groupe a pu prendre le pouls d’une Première Nation au passé tumultueux qui célèbre chaque année, depuis 1987, sa culture et son identité au rythme des tambours et des chants ancestraux.
Dans la forêt qui borde la route New Credit, au sud de Brantford, le chant du drapeau et le rituel de la Grande Entrée ont particulièrement retenu l’attention du public non-autochtone formant un cercle autour des danseurs parés de leurs coiffes et habits traditionnels. « Une succession de batailles se sont déroulées ici dans le sud de l’Ontario au XVIIIe siècle entre Mississaugas – le nom donné par les colons français à leurs alliés Ojibwe – et Iroquois qui avaient fait alliance avec les Anglais, raconte Danièle Caloz, membre de la Société d’histoire de Toronto. Quand les Français sont partis en 1763 après leur défaite, les Mississaugas sont devenus les alliés des Britanniques. Puis, lorsque les Américains ont vaincu les Anglais, arrachant leur indépendance en 1812, les Iroquois installés au sud du lac Ontario ont dû être rapatriés en territoire Ojibwé, le long de la rivière Grand. »
Implantés à Toronto, les Mississaugas ont été progressivement poussés par les loyalistes vers la rivière Credit (actuel Mississauga) où ils faisaient la traite des fourrures en achetant leur matériel de chasse à crédit aux pionniers. Décimés par les maladies, l’alcoolisme et les persécutions, au cours du siècle suivant, ils auraient probablement disparu sans l’intervention d’un homme providentiel, Peter Jones. Le chef de la mission New Credit a profondément rénové le mode de vie de la Première Nation et obtenu des concessions des gouvernements successifs. « Notre peuple a trouvé refuge sur les terres iroquoises en 1847, sur cette parcelle de 1900 hectares de la réserve des Six Nations, en reconnaissance de son autorisation d’achat du terrain en 1784 », précise Kiinwi Dbaadjmowin.
À l’issue du pow-wow, la conférencière autochtone a fait découvrir aux explorateurs d’un jour de la Société d’histoire de Toronto une fresque décrivant l’histoire de sa nation, au sein de l’école Lloyd King. Des images de loups, d’aigles et de cérémonies initiatiques chargées de symboles et séquencées en trois parties, représentant le passé, le présent et le futur d’une nation qui a su s’adapter, survivre et bâtir un futur pour ses enfants.