Les moyens déployés pour célébrer les 20 ans du Théâtre Étienne-Brûlé étaient à la hauteur de l’évènement du 1er mai. Un anniversaire qui demandait zèle et sérieux de la part de tous les participants, malgré le peu de temps dont ils disposaient. « C’est épuisant, c’est très court, mais tout est planifié », expliquait le metteur en scène Luc Bernier quelques semaines auparavant.
Un décor fait d’un arbre sous un ciel crépusculaire occupait la vue du public venu en avance, tandis que l’orchestre d’Anne-Marie Dubuc distrayait son ouïe à grand renfort de musiques modernes mâtinées d’un tantinet de classique. Un écran géant avait été installé dans la salle de spectacle et présentait à un public nombreux, bien plus nombreux que l’an dernier, une vidéo d’introduction comprenant des scènes de répétition et un message de bienvenue. Les familles avec enfants étaient largement représentées, ainsi que la jeunesse estudiantine venue voir jouer ses camarades.
La pièce s’anime alors sur les querelles de Sganarelle (l’excellent Marcley Lauture) et de sa compagne, qui se chamaillent copieusement. Tandis que le mari s’en va couper du bois avec les lèvres collées à sa bouteille, deux valets trouvent sa femme et lui demandent si elle ne connaît pas un médecin. Elle désigne alors Sganarelle comme étant médecin, fonction qu’il reconnaîtra après avoir été corrigé par les deux visiteurs pour l’avoir nié. L’absurde s’invite alors lorsqu’il se met à prodiguer des diagnostics fumeux et des remèdes stupides à la fille de Géronte, qui semble souffrir de perte de la voix.
La pièce est bien maîtrisée et les acteurs à l’aise dans leur rôle. Les situations s’enchaînent de manière fluide tandis que l’orchestre marque certaines blagues sonores qui ajoutent de la vie à l’ensemble. Le public rit à gorge déployée au fur et à mesure de l’imposture qui se termine par un tonnerre d’applaudissements. L’acteur principal reste alors sur scène dans le but d’inviter différents organisateurs à prendre la parole pour ce 20e anniversaire. Lorsque M. Bernier monte sur l’estrade, il reçoit alors de nombreux témoignages de gratitude, de la part de ses collègues, de ses anciens élèves dont certains sont devenus des comédiens professionnels. « Merci aux jeunes de poursuivre la grande tradition du théâtre et merci au public sans qui rien de tout cela n’existerait », lance-t-il, entouré par sa troupe et certains étudiants des années précédentes.
Sans même avoir le temps de respirer, les jeunes acteurs se dirigent vers la sortie afin de rencontrer leur public et d’échanger autour de l’expérience unique qu’ils viennent de vivre. L’ambiance est bon enfant et tous semblent ravis. Un nouveau succès qui consacre le rôle de Luc Bernier comme l’une des figures dominantes du théâtre jeunesse francophone à Toronto, et l’intérêt grandissant du public pour les productions du Théâtre Étienne-Brûlé.
Photo: Luc Bernier (à l’extrême gauche) et les comédiens de la pièce.