Pour le 20e anniversaire du festival culturel Kuumba, autant dire que les organisateurs ont mis les efforts nécessaires pour que l’édition 2015 soit un succès. Des artistes triés sur le volet se sont produits au centre Harbourfront du 6 au 8 février, chacun étant considéré comme une référence dans son domaine, que ce soit l’humour, la danse, la musique ou encore la poésie.

Partie intégrante du Mois de l’histoire des Noirs, ce festival met en avant des créatifs de couleur aux origines diverses, unis par leur amour de l’art et leur histoire commune. Les spectateurs ont pu ainsi y retrouver le comique Kenny Robinson, un film-rétrospective à l’occasion du 100e anniversaire du groupe américain de jazz Sun Ra ou encore le projet Zayo! La figure principale de ce dernier n’est autre que la danseuse originaire d’Hamilton Esie Mensah, qui a déjà participé à plusieurs films et spectacles internationaux. Liée à la compagnie de danse traditionnelle africaine Lua Shayenne & Co, dont les représentations ont illuminé les scènes torontoises au printemps dernier, elle est considérée comme l’une des étoiles montantes de la province.

L’Afrique et les Caraïbes étaient donc à l’honneur et placées sous le signe de l’afro-futurisme, ce mouvement littéraire et culturel controversé qui prône l’émancipation des peuples noirs. Il a révélé bon nombre de talents tels que le peintre et musicien américain Jean-Michel Basquiat, ou encore le groupe Parliament-Funkadelic et la photographe jamaïcaine Renée Cox. Regroupant également les pratiques spirituelles et scientifiques liées aux peuples africains, l’expression artistique de l’afro-futurisme se reconnaît dans le genre du surréalisme européen et affiche un lien direct avec la science-fiction. Les théories de ce mouvement affirment en effet que les personnes noires seraient en quelque sorte des extraterrestres. Il s’agit en réalité d’une sorte d’hyperbole destiné à revoir l’histoire de l’esclavage sous un autre angle.

Lua Shayenne, directrice de la troupe de danse Lua Shayenne & Co, connaît bien le festival Kuumba puisqu’elle y a déjà participé en 2002 et 2014, même si elle n’y était présente cette année qu’en tant que simple spectatrice. Cet évènement est selon elle quelque chose de très spécifique : « C’est une occasion de présenter la diversité des artistes de couleur, de la diaspora africaine mais également la communauté canadienne qui est là depuis de nombreuses générations. Il s’agit d’une opportunité pour les autres cultures de voir ce que la culture noire a à offrir. » La contribution d’Esie Mensah et de sa compagnie Black Stars ne la surprend pas, compte tenu de son talent : « Elle a dansé avec ma compagnie pendant deux ans et à plusieurs de mes spectacles. C’est une chorégraphe qui est en train de s’épanouir. » Mme Shayenne, quant à elle, se concentre à l’heure actuelle sur le développement de l’une de ses pièces et travaille sur une collaboration avec un artiste burkinabé, ce qui devrait ajouter encore plus à l’atmosphère africaine enchanteresse de chacune de ses réalisations.

Le festival Kuumba est un évènement d’importance qui apporte une touche encore plus culturelle au Mois de l’histoire des Noirs, qui promet d’être riche en activités.

Photo: La danseuse Esie Mensah