Écouter Stephen Lewis est une expérience en tant que telle. Stephen Lewis est un très grand orateur, même s’il se dit « désespérément unilingue ». Grand défenseur des droits humains partout dans le monde, il est aujourd’hui professeur à l’Université Ryerson.
Il a commencé son discours en rappelant de façon humoristique que ses compétences en matière d’éducation sont réduites, puisqu’il n’a jamais gradué, mais qu’il adore enseigner à l’université. « Partager ses idées avec des étudiants attentifs, c’est merveilleux », s’est-il exclamé.
Il a surtout raconté, avec talent, que dans toute sa carrière, à chaque fois qu’il a eu l’occasion de parler avec des enfants en difficulté, à la suite d’une guerre, par exemple, ils lui rapportaient tous le même message. À la question de savoir ce qu’ils désiraient qu’il fit pour eux, toujours la même réponse : « Nous voulons une école ». C’est dire l’importance des enseignants et de l’éducation.
Pour M. Lewis, l’un des grands défis de notre temps, c’est l’égalité des genres. Il a évoqué le sort poignant des femmes du nord du Congo, en proie aux violences sexuelles massives et l’indifférence des puissances occidentales.
« Tout le monde sait ce qui se passe là-bas, et on laisse faire », dit-il. Mais d’après le philanthrope, la question de l’égalité n’est pas uniquement dévolue au tiers-monde. « Les écarts de salaire entre les hommes et les femmes au Canada et dans les pays occidentaux sont insupportables. » Et pour lui, « l’école a un rôle de premier plan à jouer pour résorber cet écart, pour apprendre aux petits garçons à respecter les petites filles. »
Enfin, le plus grand danger auquel l’humanité fait face, d’après Stephen Lewis, c’est le réchauffement climatique : « De toute la campagne américaine, pas une seule fois cette question n’a été abordée, jusqu’à ce que la mégatempête Sandy frappe New York ».
Pourtant, cette problématique est vitale pour l’humanité : « Je suis intimement persuadé que nous ferons face à un évènement apocalyptique entre 2030 et 2050, a-t-il sombrement annoncé. De tous les dangers qui pèsent sur les étudiants d’aujourd’hui, c’est celui-ci, le plus implacable. »
Outre ce brillant discours salué par une très longue main d’applaudissements, la conférence a beaucoup tourné autour du rapport Lesage, rendu public en juin dernier, et qui contient 49 recommandations pour l’Ordre, quant à la réglementation de la profession enseignante. Parmi les recommandations, il y a des conseils pour améliorer les échanges avec le public.
Surintendant de l’éducation au Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien, Alain Martel est venu assister à la conférence pour avoir « une mise à jour sur les différents dossiers ». Il insiste également pour dire qu’il est « important de montrer au public le travail de fond des enseignants, quand celui-ci ne voit souvent que les cas litigieux ».
Plusieurs sessions d’ateliers ont eu lieu, et au moins un atelier par session en français. Sur les enfants issus de l’immigration, ou encore sur le rapport des jeunes francophones en milieu minoritaire.
Retraitée du ministère de l’Éducation, Jacqueline Boulianne est maintenant consultante en éducation. « Ce qui m’intéresse surtout, c’est de pouvoir discuter du rapport Lesage », dit-elle.
Cependant, Mme Bouliannne est aussi venue pour entendre Stephen Lewis : « Je l’ai entendu plusieurs fois dans ma carrière, c’est un homme très érudit, très impressionnant, qui sait dire les choses telles qu’elles sont. »