Déjà que la situation était peu brillante lors de la répétition. Alors quand vint le soir de la première, le spectacle tourna au désastre. Le pauvre metteur en scène dut remplacer à pied levé un des comédiens, le reste de la troupe se mélangèrent les pinceaux comme il n’est pas possible de le faire et la performance de la régie ne fut guère plus reluisante. Gaffes, quiproquos et malentendus vont se succéder à un rythme tellement effréné qu’on se demande même comment les acteurs des Indisciplinés de Toronto ont pu même s’y retrouver.
Pour son dernier spectacle de la saison, la troupe théâtrale communautaire avait choisi de présenter Thé à la menthe ou t’es citron?, une pièce de boulevard française absolument désopilante écrite par Danielle Navarro-Haudecoeur et Patrick Haudecoeur. Si la pièce a connu un succès retentissant en France en 2011, elle n’a pas manqué non plus de faire rire aux éclats le public torontois.
« Tu sais mon cher Julien, O ciel mon mari est le To be or not to be du boulevard », tente bien d’expliquer Clara à son acteur principal lors de la dernière répétition. La pièce est cousue de ce genre de remarques à la fois cocasses et dérisoires. Les Indisciplinés de Toronto ont su livrer avec brio une série interminable de situations comiques. Le bagage clownesque du metteur en scène Chad Vincent y est sûrement pour beaucoup. Il a su insuffler à la troupe l’énergie nécessaire pour soutenir le rythme des gags physiques qui parsèment la pièce du début à la fin.
Dans ce domaine, le pauvre Julien (Florian François) finit la soirée avec plusieurs hématomes, tellement il fut malmené par les autres personnages. Dominique (David Roulois) sut rendre le personnage du serviteur totalement paumé. Lucie Deneau fit ressortir l’attitude de diva de la maîtresse de maison et de l’actrice chargée de jouer le rôle. Richard, joué par Jean-Nicolas Masson, s’avère bien être un acteur imbu de lui-même et finalement médiocre. La pauvre équipe technique, bien interprétée par Pierre McLaughlin, Sylvie Gonçalves et Alix Forgeot, n’y connaissent finalement rien et n’en font qu’à leur tête. Et le metteur en scène dans tout ça? Clara (Isabelle de Carbonnières) semble bien dépassée par les événements.
« Bon tout ça n’est qu’un détail, continuons », ne cesse-t-elle de dire à chaque gaffe.
Après nous avoir fait vivre des moments durs et intenses à l’occasion de Mon corps deviendra froid à l’automne, Les Indisciplinés de Toronto nous ont cette fois fait bien rire.
Photo : David Roulois (à gauche), Jean-Nicolas Masson et Lucie Deniau