Les Français de l’Ontario retournent aux urnes, un jour plus tôt que leurs compatriotes de l’Hexagone, le samedi 6 mai, pour départager le centriste Emmanuel Macron et la frontiste Marine Le Pen, lors du second tour de la présidentielle.
Plus de 3800 électeurs se sont déplacés le 22 avril lors du premier tour dans les deux bureaux de vote mis en place à Toronto par le consulat de France, soit près de 45 % des inscrits sur les listes électorales. Cette hausse du nombre de votants de 52 % par rapport à 2012 a pris de court le personnel et exaspéré les citoyens qui ont dû patienter durant trois heures pour certains avant d’atteindre l’isoloir.
Le consul général de France Marc Trouyet s’est engagé dans l’entre-deux-tours à « tirer les leçons des difficultés rencontrées ». Le représentant de l’État français a promis un temps d’attente moins long. « Les bureaux de vote restent à la même adresse mais seront déplacés à un autre étage, plus spacieux, permettant d’attendre dans de meilleures conditions. Chacun des deux bureaux de vote disposera d’un isoloir supplémentaire, soit quatre isoloirs par bureau de vote. Les contrôles seront plus mobiles et ne devraient plus constituer un goulot d’étranglement. L’accueil et le pré-contrôle de la présence sur les listes d’émargement seront facilités. Les méthodes de vérification ont été dématérialisées permettant aux équipes d’être mobiles. Des volontaires supplémentaires viendront renforcer notre dispositif d’accueil. Près de quatre-vingt volontaires nous épauleront tout au long de la journée, dès 6h30 et jusque tard dans la soirée (sans compter le personnel consulaire). Une file d’attente visible sera réservée aux seules femmes enceintes et personnes à mobilité réduite ».
Les électeurs pourront aussi éviter de se déplacer le 6 mai en établissant auparavant une procuration, dont le recueil a été étendu. Il suffit pour cela d’imprimer le formulaire disponible en ligne, de le remplir puis de se rendre dans les locaux du consulat, sans rendez-vous, entre 9 h et 12 h 30 ou entre 14 h et 17 h. Pour les autres, il faudra (re)passer par la case bureau de vote le 6 mai, entre 8 h à 20 h.
Le choix du huitième président de la République française sera crucial et engagera le pays pour les cinq prochaines années. Ce second tour inédit, duquel les ténors des partis traditionnels ont été évincés, voit s’affronter deux visions, deux caps, deux politiques antagonistes en tout point. L’ancien ministre de l’Économie et leader du parti En Marche, Emmanuel Macron, est ouvertement libéral et pro-
européen. Il entend assouplir le marché du travail et engager de profondes réformes sociales. Plus conservatrice, la figure du Front National, Marine Le Pen, prône au contraire une sortie de l’Union, soumise à référendum, un retour aux frontières nationales et un rapprochement diplomatique avec la Russie, axant sa campagne sur l’identité nationale, le chômage, les délocalisations et l’impopularité de la politique de François Hollande.
La plupart des adversaires politiques de l’ancien ministre de l’Économie, qu’ils soient socialistes ou républicains, ont appelé à voter Macron pour faire barrage à l’extrême droite. Quatrième lors du premier tour, devancé par François Fillon, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) n’a pas donné de consignes de vote, laissant les militants de son parti trancher démocratiquement la question. Le front républicain tel qu’on l’a connu lors de la présidentielle de 2002 avec le duel Chirac-Le Pen ne sera vraisemblablement pas aussi marqué, du moins en France.
À Toronto, où Emmanuelle Macron a récolté presque la moitié des suffrages (devant Fillon et Mélenchon) distançant très largement Marine Le Pen (6%), le ciel est beaucoup plus dégagé en faveur de celui qui affronte pour la première fois le suffrage universel.
Photo : Le centriste Emmanuel Macron est donné favori face à la frontiste Marine Le Pen, dans les derniers sondages.