Qui sera le prochain président de la République française? Les électeurs français de l’Ontario sont appelés le samedi 22 avril, un jour plus tôt que leurs compatriotes métropolitains, à choisir parmi 11 candidats. Les électeurs peuvent voter par procuration si la démarche a été effectuée en 2016, soit depuis la France avant d’immigrer, soit au Canada. Ils peuvent aussi voter eux-mêmes à condition d’être inscrits au registre des Français établis à l’étranger.
Deux bureaux de vote seront ouverts le jour du scrutin de 8 h à 19 h. L’un au Consulat général de France à Toronto, l’autre à l’ambassade de France à Ottawa. Chaque Français, rattaché à un bureau en fonction de son adresse de résidence dans la circonscription consulaire, pourra y faire son devoir d’électeur, muni de sa carte d’identité.
En tête des intentions de vote, la candidate du Front national Marine Le Pen surfe sur le rejet de l’Europe et de la politique d’austérité du gouvernement socialiste au pouvoir, le climat d’insécurité généré par les attentats, et les affaires qui secouent la classe politique. La chef de file de l’extrême droite française est talonnée dans les sondages par l’ancien ministre de l’Économie, Emmanuel Macron. Le fondateur du parti En Marche séduit une partie de l’électorat par son discours « hors des partis », tourné vers la jeunesse et les entreprises. Il prône notamment un désendettement du pays, un assouplissement des 35 heures et une réduction de l’impôt sur les sociétés.
L’argument « hors-système » est d’ailleurs brandi par quasiment tous les candidats. Y compris par l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, François Fillon. Mis en examen dans une affaire d’emploi fictif impliquant sa femme, le candidat des Républicains a maintenu sa candidature, revenant sur sa promesse de se retirer en cas de convocation par les juges. Le vainqueur surprise de la primaire de droite, face à Juppé et Sarkozy, défend un programme économique libéral consistant à réduire massivement le nombre de fonctionnaires, abroger la durée légale du temps de travail, diminuer les charges sur les entreprises et repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans.
L’ancien ministre Benoît Hamon (Parti socialiste) veut quant à lui créer un revenu universel d’existence, impulser la transition écologique à l’échelle européenne, encadrer les loyers dans les métropoles, donner plus de moyens à la santé, la justice, la sécurité et l’éducation.
Parmi les autres candidats, trois sont issus de l’extrême gauche. Le plus offensif dans les débats télévisés, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) a axé sa campagne sur la sortie du nucléaire, le droit de révoquer les élus et l’interdiction des licenciements collectifs lorsqu’une entreprise se porte bien. Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste) milite, lui, pour l’extension de la protection sociale, la gratuité des services publics de proximité et une baisse du temps de travail à 32 heures par semaine. Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) défend un salaire minimum à 1800 euros et une expropriation des banques.
À droite, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), François Asselineau (Union populaire républicaine) et Jacques Cheminade trouvent un écho chez les eurosceptiques. Le premier entend renégocier les traités européens pour redonner au pays la mainmise sur sa monnaie, ses frontières, son budget et ses lois. Plus radicaux, les deux autres sont partisans d’un « Frexit », une sortie pure et simple du pays de l’Union, comme le Royaume-Uni. L’ex-Modem Jean Lassalle, enfin, a bâti sa campagne sur la défense des territoires ruraux.
À l’issue de ce premier tour, les deux candidats ayant reçu le plus grand nombre de suffrages, s’affronteront au cours d’un second scrutin qui se déroulera le 6 mai au Canada et désignera le huitième président de la Ve République française.

Photo : Les électeurs français de l’Ontario sont appelés aux urnes le samedi 22 avril, lors du premier tour de la présidentielle 2017.