Dans la tourmente des dernières semaines, après un scandale qui a entraîné la démission du précédent directeur, l’organisation des Jeux panaméricains de 2015 a organisé une opération de communication à destination des journalistes le lundi 3 février.

C’est ce qu’on appelle une opération de réhabilitation. Après le scandale des notes de frais et du dépassement du budget des Jeux panaméricains de Toronto en 2015, le renvoi du directeur Ian Troop et son remplacement par un plus discret directeur, l’ancien adjoint au ministre de la Santé, Saad Rafi, il fallait donner l’impression que la page était tournée. Pour mémoire, l’ancienne direction a fait passer en notes de frais payées par les contribuables toutes sortes de choses extravagantes : cafés, thés, nuits d’hôtel de luxe aux quatre coins du monde, contraventions, cocktails, etc.  

L’organisation des Jeux a donc invité plusieurs médias communautaires à rencontrer ses équipes et quelques anciennes gloires du sport canadien impliqués dans les Jeux, ainsi que de futures étoiles du sport. L’objectif affiché était de donner une impression d’humilité après les dernières frasques. Parfois, certains détails en disent long sur un état d’esprit général : buffet modeste (bouteilles d’eau, jus de fruit en canettes, petites tartelettes surgelées, sandwichs au jambon) et mise sobre des officiels, surtout en comparaison avec les costumes très chics de Ian Troop. Reste que la modernité quasi-futuriste des installations du siège des Jeux rappelait l’ancien temps fastueux : très haute sécurité, matériel dernier cri et tablettes tactiles pour régler la lumière (et sûrement d’autres choses) devant chaque porte de bureau. Il est vrai que les locaux ont été aménagés avant que le scandale n’éclate.

À un moment de la soirée, Paci, la mascotte des Jeux panam, débarque en fanfare, aussitôt prise d’assaut par les photographes. Elle ressemble à toutes les mascottes du monde, avec un sourire béat et des yeux allumés. De nombreux journalistes se prennent en photo avec elle. Opération communication réussie.

Peu de choses à apprendre lors de la conférence de presse. Une vidéo de présentation insistait sur l’aspect multiculturel de Toronto et sur l’effort des sportifs a été montrée. Les journalistes ont également pu parler avec des athlètes canadiens. 

Parmi eux, la jeune Kimberly Hyacinthe, sprinteuse originaire de Québec, et qui vise « le top 3 au 200 mètres », même si elle reconnaît qu’il faudra se méfier « des Jamaïcaines et des Trinidadiennes », toujours très performantes. Elle, qui a remporté une médaille d’or lors du championnat universitaire canadien l’an dernier, est particulièrement heureuse à l’idée de courir devant sa famille. « Ils habitent Montréal, mais ce n’est pas très loin », lance-t-elle.

Était présente également l’ancienne skieuse Lucie Laroche, qui a participé aux Jeux de Calgary et à ceux d’Albertville. Spécialiste de la descente et du super-G, elle est arrivée 19e à Calgary et a gagné une médaille aux seuls Jeux panaméricains d’hiver. Elle vit depuis 18 ans à Toronto, où elle a élevé ses trois enfants. Visiblement en pleine forme, elle est investie dans ces Jeux, en s’occupant de la communauté francophone. « Le français est la septième ou la huitième langue parlée à Toronto. Nous sommes beaucoup, mais nous ne sommes pas unis. Ces Jeux, c’est une chance pour que les francophones se réunissent », s’enthousiasme-t-elle. D’ailleurs, elle est persuadée que ces Jeux pousseront les Torontois à faire plus de sport. « Les infrastructures resteront après les Jeux », ajoute-t-elle.

On en avait presque oublié qu’il était question de sport. Car c’est sans doute le plus important : derrière la communication, les scandales, les communautés réunies, un grand spectacle sportif attend Toronto.

Photo : Kimberley Hyacinthe et la mascotte des Jeux, Paci, le porc-épic