Surpopulation ou vide sidéral, tel semble être le difficile quotidien des établissements scolaires francophones de la province. Selon les données sur les taux d’occupation des lieux scolaires de langue française en Ontario, transmises par le ministère de l’Éducation à Radio-Canada, la situation n’est guère réjouissante.
Les résultats sont parfois impressionnants, particulièrement en ce qui concerne la région du Grand Toronto. Tandis que les écoles francophones du Nord de la province peinent à trouver des élèves, celles du sud connaissent un véritable succès, ce qui les mènent souvent à avoir une population supérieure à la capacité réelle de l’établissement.
Mais qu’en est-il au juste? La directrice des communications et du marketing au Conseil scolaire Viamonde (CSV), Claire Francoeur, dresse un état des lieux différent de la situation. L’institution a vu ses effectifs augmenter continuellement depuis le début de l’aventure. « Nous avons doublé nos effectifs qui étaient de 5852 élèves en 1998, ainsi que le nombre d’écoles. Il y en a aujourd’hui 46 », dit-elle. Des chiffres représentatifs de la tendance générale dans le sud-ouest de l’Ontario, même si le taux de croissance annuelle du Conseil scolaire Viamonde est supérieur à celui de la province.
La demande la plus forte se situe sans surprise dans la région du Grand Toronto, suivie par London et Windsor, le Nord et finalement la péninsule du Niagara. Le taux d’occupation se situe à 70 %, par rapport aux 58 % annoncés par le ministère de l’Éducation.
La surpopulation de certains établissements n’est toutefois pas un mythe. L’exemple le plus éloquent étant l’école Jeanne-Lajoie de Toronto qui accueille 486 élèves pour 388 places. Lorsqu’un établissement est dans l’impossibilité de recevoir plus de jeunes, les parents sont alors consultés pour voir s’il est possible de les répartir dans d’autres pôles éducatifs moins saturés. De plus, la recherche de nouveaux espaces est une priorité dans pareille situation. Ainsi, l’ajout d’une école est actuellement en projet pour aider à enrayer ce phénomène. Il est important de noter qu’aucune « perte de vitesse » en matière d’effectifs n’est à déplorer pour le CSV.
Même son de cloche de la part de l’autre acteur majeur de la scolarité francophone dans la région, le Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud (CSDCCS), en matière d’augmentation constante d’effectifs. Ainsi, lors de l’ouverture des écoles du CSDCCS en 1998, 11 351 élèves étaient inscrits, tandis qu’aujourd’hui 15 073 élèves se répartissent dans les 54 établissements que compte l’institution. Les projections sur les cinq prochaines années sont également en hausse avec près de 2000 élèves supplémentaires d’ici 2017.
Une vingtaine d’écoles font également état d’un taux d’occupation supérieur à 100 %, principalement dans la région du Grand Toronto. Les plus saturés affichent de 30 % à plus de
48 % d’occupation par rapport à leur capacité réelle. Les villes de Hamilton, Whitby et Oshawa ne sont pas épargnées par le phénomène et constatent une demande de plus en plus forte, tandis que la région du Niagara est en décroissance. « Le taux de natalité est à la baisse pour le Niagara, explique Réjean Sirois, directeur de l’éducation au CSDCCS. En revanche, le déplacement des francophones du nord de la province vers le sud pour trouver un emploi, ainsi que l’immigration haïtienne et africaine explique l’augmentation des effectifs. Il faut également noter la proximité des écoles en tant que facteur d’attraction important, ainsi que l’intégration en hausse d’enfants dont la langue première n’est pas le français. L’ouverture de nouveaux établissements viendra tenter de pallier à cela, avec l’inauguration prochaine de quatre nouvelles écoles, et d’une cinquième en 2016.
Le taux d’occupation de l’ensemble du système du CSDCCS est de 90 %, encore une fois bien supérieur à celui annoncé par le Ministère. S’il est vrai que le nord de l’Ontario perd plusieurs jeunes, la situation est loin d’être aussi critique qu’il n’y paraît, compte tenu des nouvelles ouvertures annuelles mises en place par les différents conseils scolaires. Certaines zones rencontrent un problème d’espace pour accueillir les nouvelles familles, c’est indéniable, mais la situation n’est pas cataclysmique. Acceptable serait le terme adéquat.