Une majorité des grands acteurs artistiques et culturels francophones se retrouvaient autour d’une table de consultation le jeudi 1er décembre. L’Alliance française, le Centre francophone , le Théâtre français , si l’on ne devait citer qu’eux, buchaient sur l’avenir des arts francophones en Ontario sous l’initiative de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).
Éric Dubeau, consultant pour l’AFO, mène des consultations communautaires à travers la province dans l’objectif de la rédaction d’un Livre blanc sur les arts et la culture francophones en Ontario. Arrivé à plus de la moitié de ses consultations, il se rendait, après Toronto, à Windsor, Thunder Bay et Ottawa.
Le Livre blanc permettra d’offrir une lecture de la situation culturelle en Ontario et de produire une série de recommandations avec, pour but final, la création d’un outil de recommandation pour la communauté, indique Éric Dubeau.
Depuis la parution du Rapport Saint-Denis en 1969 mis en place par le gouvernement de l’Ontario pour soutenir les arts et la culture francophones à travers la province, 2016 marque un moment stratégique pour délimiter les nouveaux enjeux stratégiques des arts franco-ontariens alors que le gouvernement provincial lance sa Stratégie ontarienne pour la culture et que, au fédéral, le Conseil des arts du Canada annonce une importante refonte de ses programmes, rapportait Éric Dubeau, offrant une mise en contexte de la situation aux acteurs culturels présents autour de la table.
« On sent qu’il y a des changements importants qui vont nous toucher » – Éric Dubeau le consultant de l’AFO
Parmi les enjeux stratégiques, la consultation soulignait différents axes de réflexion : l’infrastructure des arts et de la culture francophones, le rapport langue-culture-éducation, la participation publique et les conditions de la pratique.
Le bilan que dressent les participants démontre des défis auxquels font face les organismes culturels et artistiques francophones.
Les conditions de travail
Parmi les enjeux soulevés, la question du soutien au personnel était notamment mobilisée. Comment assurer la viabilité d’une infrastructure alors que les directeurs communautaires défilent à un même poste dû à un manque de fonds? Comment assurer la tâche exhaustive et longue des demandes de subventions avec un manque de personnel?
« Le financement du fonctionnement, l’amélioration des conditions de travail pour les travailleurs culturels. On a souvent des petits moyens et pas les moyens de retenir la main d’œuvre que l’on a formée. Tout est à recommencer tous les ans ou tous les trois ans », observe Éric Dubeau qui souligne cet enjeu comme l’une des tendances lourdes mises sur la table à plusieurs reprises durant les consultations.
La question du rôle de certains financeurs publics comme le Conseil des arts du Canada (CAC) était mise en cause durant la consultation, rapportant le CAC comme le plus important bailleur de fonds culturel du pays et pourtant jouant un rôle des plus minimes pour les arts francophones.
Arts et écoles
Le rôle de la place des arts et de la culture dans les écoles étaient mis sur la table, alors que les arts sont reconnus pour leur apport à la construction identitaire et donc étant en première ligne pour développer le potentiel des futures générations à devenir des spectateurs/acteurs du milieu artistique francophone.
« Faire moins, mieux, que beaucoup, mal » était énoncé comme piste de réflexion pour éveiller l’intérêt des élèves aux arts francophones, en créant par exemple des ponts entre les écoles et salles culturelles. « Il faut professionnaliser la pratique », rapportait-on durant la réunion.
« Il y a un besoin de dialogue entre les ministères de la Culture et de l’Éducation »
Un enjeu que souligne Éric Dubeau : « Il y a un besoin de dialogue entre les ministères de la Culture et de l’Éducation. Il faut qu’il y ait un travail entre les intervenants culturels et les enseignants. Il y a quelque chose à refaire. Il y a quelque chose qui cloche. Quelles seront les recommandations? Il est trop tôt pour le dire. Il y a certainement une problématique et il va falloir qu’on s’active autour de ça, sinon on passe à côté. »
Développement des publics
Le thème de la communication était évidemment abordé. Si l’on dénombre aujourd’hui une centaine d’organismes artistiques et culturels francophones en Ontario, ces derniers peinent parfois à trouver leur public.
Parmi les idées proposées : un grand rassemblement des organismes francophones dans un concept de compagnonnage grâce auquel les organisations se tiendraient au courant de leur programmation afin de créer des ponts entre elles. Ou encore, le développement d’un système de communication (application, infolettre) tenant à jour les activités francophones dans la ville. Enfin, le rôle de Radio-Canada en tant que diffuseur public a été également abordé.
Alors que le processus de consultation touche à sa fin, la version finale du Livre Blanc sur les arts et la culture francophone en Ontario sera publiée en avril-mai 2017 et se penchera sur les questions de financement, ce dernier étant le défi majeur pour la communauté francophones comme l’indique Éric Dubeau.
« Il est clair qu’il y a un manque de financement de base. Il y aura une série de recommandations à l’égard du fédéral, du provincial et des municipalités et notamment à ce qui a trait au financement des fonctionnements. »