Le premier Forum sur le capital humain francophone au Canada, organisé par La Passerelle-I.D.É se déroulait le jeudi 17 novembre au Centre ontarien des investissements et du commerce. Le Forum regroupait des cadres représentant les secteurs privé, public, éducatif et sans but lucratif. L’objectif de la réunion était de trouver des clés d’intégration économique pour les immigrants francophones.
Un objectif qui s’impose alors que l’Ontario reçoit actuellement 70 % des immigrants francophones hors Québec et que le gouvernement provincial souhaite atteindre une cible de 5 % d’immigration francophone.
Le Forum est l’aboutissement du Conseil de développement des talents bilingues francophones (CTBF) créé en 2015 par La Passerelle-I.D.É dont le but est d’identifier des stratégies pour canaliser les jeunes talents bilingues vers des secteurs stratégiques. Le CTBF est co-présidé par Léonie Tchatat, présidente et fondatrice de La Passerelle-I.D.É, et Catherine Chandler-Crichlow, présidente de 3C Workforce Solutions.
Tremplin Emploi fait partie des réalisations du CTBF. Ce programme qui offre des formations en compétences techniques débouchant sur un placement en entreprise. Le projet pilote a actuellement formé et suivi deux cohortes et fourni des cours en service à la clientèle dans le service financier.
« Il fallait commencer par un secteur. Nous allons ouvrir à d’autres secteurs comme les télécommunications et les transports », explique Léonie Tchatat.
Durant le forum, l’entreprise Mercer a présenté le rapport de recherche Les opportunités d’emploi pour les francophones en Ontario sur les tendances de la main-d’œuvre francophone et l’avenir du développement des possibilités d’emploi pour les francophones. Le rapport, réalisé sur deux ans, présente les résultats d’une étude menée sur les offres d’emploi postées en ligne en Ontario. Le rapport dénombrait notamment 246 000 francophones sur le marché du travail.
C’est en se basant sur la présence du mot français dans le descriptif de poste que l’entreprise Mercer, représenté par Rick Guzzo et Jay Doherty, a récolté ses données.
Sur cette base, l’étude présentait la part des offres d’emploi francophones comme représentant 6 % de tous les emplois en Ontario et 7 % à Toronto.
Un chiffre assez faible alors que l’indication du mot français ne garantit pas que la langue française soit une exigence pour le poste.
« Cela ne veut pas dire que c’est une exigence, mais que le terme faisait partie du descriptif », note Jay Doherty. Le rapport n’indique pas la proportion, sur ces 6 %, des emplois exigeant le français.
Les secteurs en demande
La finance et les assurances sont le premier secteur en proposition d’offres pour les francophones, suivi par les soins de santé et services sociaux (2e position) et, les professions scientifiques et techniques (3e position).
Il faut cependant noter que les secteurs de la finance et des assurances, ainsi que les emplois scientifiques se retrouvent également dans le trio de tête des secteurs en demande pour la population générale et donc ne sont pas particuliers à la communauté francophone.
Le service à la clientèle, numéro 1 des offres d’emploi en recherche de talents francophones
Sans surprise, le type d’offre d’emploi en recherche de talents francophones est celle du service à la clientèle. Un poste où le bilinguisme est très apprécié, mais pas un poste non-qualifié. En deuxième position, le rapport notait la publicité et le marketing et en troisième, la vente. Les données ne permettaient pas de savoir à quelle catégorie de poste correspondait ces domaines.
Vers quel ajustement économique pour les nouveaux arrivants?
Le rapport proposait des stratégies d’intégration parmi lesquelles l’ajustement des compétences d’employabilité. La question est donc quel est cet ajustement? Est-il question d’un ajustement culturel (refaire un CV) ou est-il question d’un ajustement linguistique incluant un passage par un emploi peu qualifié pour atteindre un niveau de langue anglaise professionel?
Le Canada a une politique d’immigration qui sélectionne des candidats représentant une valeur économique pour le pays. Ces derniers sont souvent diplômés et qualifiés. Sont-ils prêts à s’ajuster au marché du travail et accepter des emplois sous-qualifiés?
« Définitivement, c’est un problème mais c’est un début. L’intégration passe par là : commencer un peu plus bas que nos expertises et puis se relancer. La stratégie c’est le bilinguisme, c’est la capacité de parler anglais et pouvoir se connecter », rapporte Léonie Tchatat.
Le rapport soulève une question centrale. L’ajustement économique nécessaire à l’intégration économique des immigrants francophones en Ontario est-il tout simplement synonyme d’un apprentissage de langue anglaise pour le nouvel arrivant? L’anglais se posant comme la solution pour obtenir un poste dans son domaine de compétence tout simplement car l’offre se retrouve pour des postes de langue anglaise. Comme le rapport le soulevait, le nombre d’offres d’emploi contenant uniquement le mot français ne représente que 6% des offres d’emploi postées en Ontario.
La présentation du rapport était suivie de discussions en table ronde par secteurs d’activités. Un rapport incluant les analyses de ces discussions devrait être disponible sous peu.