Des visages de papier glacé

La "Sainte Trinité" du photographe Jean Baptiste Le Mercier

Lily Rose Deep, Gaspard Ulliel, Isabelle Huppert, Amos Gitai : tous ont eu le regard braqué sur l’objectif du jeune photographe Jean-Baptiste Le Mercier. Aujourd’hui, ils nous dévisagent suspendus aux murs de l’Alliance française.

L’exposition Visage de cinéma retrace une série de portraits réalisée sur deux ans lors des dernières éditions du Festival international du film de Toronto (TIFF). Si le TIFF est l’occasion de flashs crépitants et de foule en délire, c’est bien loin de cette excitation du tapis rouge que le photographe se faufile.

Sa mission n’est pas des moindres : capturer une personnalité, un moment et mettre en valeur les célébrités qu’il photographie en quelques minutes pour l’organisme UniFrance.

« J’arrive, je n’ai pas le choix. C’est un mélange de chance et d’expérience. »

Quand il débarque dans la chambre d’hôtel du cinéaste israélien Amos Gitaï, ce dernier n’est pas prêt et n’a pas encore mis ses chaussures. « Je lui ai dit non, non, c’est très bien comme ça. » Clic. Voilà le réalisateur qui nous dévisage depuis son canapé, jambes croisées, pieds nus et regard fixe.

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Amos Gitaï

Celui qui se rêvait journaliste de guerre étant jeune a dorénavant comme champ de bataille les chambres et les terrasses d’hôtel de Toronto. Deux ou dix minutes, il improvise un studio et attrape le regard de ses sujets. « J’ai cette adrénaline aujourd’hui en tant que portraitiste », dit-il.

Un texto à deux heures du matin pour une séance photos avec Lily Rose Deep seulement quelques heures plus tard. Trois minutes avec Kristen Stewart et l’agent lui tape déjà sur l’épaule. « Je n’ai que 15 photos », se lamente le photographe.

Pourtant Jean-Baptiste Le Mercier n’hésite pas à jouer avec les occasions et à mettre en scène les célébrités pour capturer une personnalité. Lorsqu’il photographie le réalisateur roumain Corneliu Porumboiu assis sur un siège à côté d’une piscine, quelque chose cloche.

« Il y avait le trône, la piscine, tout cela fait luxe… Ça ne le représentait pas du tout », confie-t-il. Alors il réadapte le paysage pour saisir le personnage.

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Corneliu Porumboiu

Le visiteur de la galerie de l’Alliance française découvre un univers entre personnalités de papier glacé et irréalisme de mise en scène, un jeu que revendique le photographe.

Au milieu de l’exposition, trois de ses actrices fixent le visiteur. « J’appelle ça la Sainte Trinité, explique-t-il. C’est vraiment la génération à venir, la génération actuelle et l’ancienne génération. Je voulais les faire briller. »