Un acteur explique sur le plancher comment il s’y est pris pour voler perceuse électrique dans le magasin d’une grande surface. Sa voiture est une chaussure de basket et le plan du centre d’achats est représenté par les feuilles d’un magazine étalées devant lui à même le sol. Un autre participant se lance dans une longue tirade pour expliquer que les marques commerciales sont comme Stendhal avec cette manie de placarder leur nom partout. Une jeune fille décrit ses rêves en regardant directement la caméra intégrée à son ordinateur. Voilà, en quelques images, le monde du film expérimental d’Olivier Bosson.
Le réalisateur et performeur français effectuait une résidence à Toronto du 8 au 21 octobre dans le cadre du festival Paris-Toronto, une série d’événements culturels organisés conjointement par le Consulat de France et L’Institut français. Lors de son séjour dans la Ville reine, Olivier a installé ses caméras dans trois endroits de la métropole pour réaliser son nouveau projet. Il a également animé un atelier au Labo, un collectif d’arts médiatiques francophone.
Formé en partie « sur le tas » et au Studio national des arts contemporains Fresnoy, Olivier Bosson compte une dizaine de films à son actif. Il a aussi publié un livre, L’échelle 1:1 – Pour les performances, conférences et autres live, dans lequel il expose une théorie pour les performances en direct. Ce soir-là, Olivier est venu présenter un aperçu de son œuvre à la Ryerson School of Image Arts. « Le film, ce n’est pas naturel pour moi, reconnaît-il d’emblée. C’est l’arrivée du montage numérique sur ordinateur qui m’a amené à réaliser des films. Avant cela, j’avais fait quelques projets, mélangeant les médias ici et là, mais sans jamais toucher à la culture cinématographique. »
Dans son premier film, Compétent dans sa branche, Olivier Bosson explore l’univers en apparence vide de culture des centres commerciaux dans les banlieues. Contrairement aux idées reçues, il découvre que ces espaces sont en fait très « culturels ». Pour réaliser son long métrage intitulé 200 %, là encore une série de scènes qui révèlent le milieu déboussolé d’une banlieue, Olivier Bosson a fait appel aux services de près de 300 acteurs amateurs, tous issus d’une banlieue de Lyon et invités à se présenter pour le tournage par carte postale. « En fait, on a pris tout le monde », finira-t-il par avouer.
Les Torontois ont eu l’occasion de se présenter à un tel « casting » pour Le Forum des rêves, un projet dans lequel Olivier Bosson exploite la veine participative et interactive. Élaboré comme un véritable forum de discussion, de purs amateurs décrivent, analysent et commentent leurs rêves en les publiant sur un site Internet. Les participants peuvent utiliser leur propre « cam » ou bien se laisser filmer. L’expérience se répétera dans une quinzaine de villes de France et à travers le monde jusqu’en juin 2014.
« Les écrivains d’aujourd’hui sont en train de définir l’écriture commerciale de demain », affirme-t-il en souriant alors qu’il parle de son personnage qui se référait à Stendhal. Si le travail d’Olivier Bosson est résolument expérimental, il n’en demeure pas moins que l’humour y est aussi souvent présent.
Olivier Bosson présente plusieurs extraits de son travail sur son site Internet : http://olivierbosson.free.fr.
Photo : Olivier Bosson