Le coloris automnal de la rentrée littéraire est flamboyant chez les éditeurs franco-canadiens : romans, récits, nouvelles, essais, théâtre, poésie, livres pour la jeunesse, tout rougeoie comme un érable en septembre-octobre.

Comme on peut s’y attendre, le roman fait bonne figure dans cette rentrée littéraire. Aux Éditions David (Ottawa), Gracia Couturier signe L’ombre de Chacal, suite de Chacal, mon frère (Prix des lecteurs Radio-Canada et Prix France-Acadie). Louis L’Allier présente Nikolaous, le copiste, et Nancy Vickers lance Maldoror, un roman d’atmosphère, de passion et de feu.
Aux Éditions du Gref (Toronto), René Bonnière s’intéresse à une légende bien connue et signe Le miracle de la Chasse-Galerie;
Samia Khalifé nous offre un roman identitaire intitulé Le fils du Seigneur. Aux Éditions La Grande Marée (Tracadie-Sheila), Melvin Gallant signe le roman historique À la conquête de l’Île Saint-Jean et Jennie Lavallée se tourne vers le roman fantastique pour décrire La prophétie de la femelle.
Aux Éditions L’Interligne (Ottawa), Philippe Simard nous offre Le petit Abram, un roman qui porte le lecteur à réfléchir sur les grands enjeux contemporains autour de la migration ; Daniel Leblanc-Poirier nous révèle le portrait décapant d’une génération nihiliste dans Le deuil tardif des camélias; le premier roman de Gilles Grenier, Le gardien du phare et la sirène, s’interroge sur la vie et la mort.

Récits et nouvelles
Chez Prise de parole (Sudbury), le récit et la nouvelle sont à l’honneur, notamment avec L’enfant-feu de Michèle Vinet et Car les dieux sont avec nous de Dominique Millette. La première pose un regard sur le quotidien des francophones en situation minoritaire; la seconde s’interroge sur les limites de la condition humaine en flirtant avec la science-fiction et le fantastique.
Maurice Henrie signe aussi un recueil de nouvelles, Ne pleure pas Jeannette, cette fois aux Éditions du Chardon bleu (Plantagenet). Quant à Aristote Kavungu, c’est avec des accents drôles, graves et parfois tragiques qu’il relate des scènes de la vie quotidienne dans Dame-pipi blues (Vermillon). Et aux Éditions des Plaines (Saint-Boniface), Marcien Ferland nous offres des nouvelles sous le titre Vices et déboires.

Livres pour la jeunesse
Dans sa collection 14/18, l’éditeur David donne la parole à Claude Forand qui envoie son inspecteur Dubuc faire enquête à Toronto dans Cadavres à la sauce chinoise. Gilles Dubois, lui, est toujours défenseur des animaux et passionné du Grand Nord dans Nanuktalva.
Aux Éditions du Chardon bleu, Éric Girard signe Opération MAD – Perdus à Madagascar (10-12 ans) et Marc Scott nous offre Imbroglio à Kyoto (16 ans et plus). Les enfants auront droit à un Hommage au bison grâce à Ray Lavallée et Judith Sylverthorne (Nouvelle plume, Regina).
De nouveaux albums pour les 0 à 12 ans vous attendent aux Éditions Bouton d’Acadie (Moncton). Nathasha Pilotte et Joanie Duguay signent Zim s’imagine (0-4 ans) et racontent à quoi un chat pense lorsqu’il grimpe dans les rideaux ou fait le guet près du frigo. Jacinthe Chevalier et Évelyne Foëx nous offrent Tombent les nuages (4-8 ans), tandis que Marie Cadieux commémore un événement tragique de la Seconde Guerre mondiale, en Normandie, dans Histoire de galet (à partir de 10 ans).
À La Grande Marée, Louÿs Pitre signe Arthur le siffleux et Jean Claude Basque nous offre Le secret de la toison dorée. Chez L’Interligne, Carole Dion nous livre une quatrième aventure, Magalie enquête, et place son personnage face à un meurtrier potentiel qui se fera un plaisir de la coincer. Quant à Karine Perron, elle conjugue émotions, humour et suspense dans À l’aube du destin de Florence.

Essais
André-Carl Vachon, spécialiste de l’Acadie, raconte Une petite Cadie en Martinique (Grande Marée), tandis que Paul-François Sylvestre souligne Cinquante ans de « p’tits bonheurs » au Théâtre français de Toronto (Gref).
Chez Prise de Parole, Herménégilde Chiasson développe une pensée originale une lettre à la fois; dans (12) abécédaires. Serge Cham, pour sa part, explique Comment être heureux en amour (Vermillon). Et un collectif de Moncton va Au-delà de l’exiguïté (Perce-Neige).
Dora Tétrault retrace 200 ans d’histoire des congrégations religieuses au Manitoba dans Legs de traditions de soins, courage et compassion (Plaines), tandis que Bernard Mullaire présente un essai historique composé des Caricatures de 60-70 (Blé).

Poésie et théâtre
Dans La mer sur les lèvres, la poète Lucie Chéné parle d’une existence remplie de désirs et d’illusions que freine parfois le destin. Christian Milat, lui, nous invite à réfléchir sur le rapport entre le langage et la condition humaine dans Si je connaissais… Sous la direction d’Hélène Bouchard, sept femmes ont choisi de faire connaître Sept-Îles, côté mer, côté jardin, à travers de petits poèmes d’inspiration japonaise. Joanne Morency sur tourne elle aussi vers le haïku pour décrire un monde en suspens dans Tes lunettes sans ton regard. Tous ces recueils paraissent aux Éditions David.
Cette année, Michel Ouellette passe du théâtre à la poésie avec Pliures, un recueil autour du deuil. Quant à Michel Dallaire et Aziza Rahmouni, ils cosignent nomadismes, un jeu de métissage littéraire entre le Maroc et le Canada. Prise de parole publie ces deux ouvrages.
Un autre recueil de Michel Dallaire paraît chez L’Interligne; Le souffle des dragons porte un regard tendre et lucide sur l’expérience quotidienne. Chez Perce-Neige (Moncton), Joannie Thomas publie Quatre pattes Catherine et fait table rase des tabous les plus coriaces; France Daigle nous offre des Poèmes pour vieux couples et Herménégilde Chiaason signe Mourir à Scoudouc. Pour sa part, Lise Gaboury-Diallo présente Lointaines aux Éditions du Blé (Saint-Boniface).
Chez Prise de parole, côté théâtre, Patrick Leroux nous offre Ludwig & Mae, une pièce qui réunit un livreur de mets chinois, un pape déjanté, une vache à Giacometti, une muse déchue, un chœur d’anges et un pauvre père. Lisa L’Heureux, elle, présente Pour l’hiver, une pièce qui se veut à la fois une exploration intime de la violence et une quête polyphonique de la beauté.
Pour sa part, Marie-Claire Marcotte signe Peau (L’Interligne), une pièce qui explore les blessures de l’âme, qu’elle tente d’éclairer avec autant d’humour que possible. Toujours en théâtre, Daouda Dembélé nous offre Rolihlahla Mandela (Blé).
La table est dressée. Le festin automnal peut commencer!

Paul-François Sylvestre