C’est une volonté de transformer une hiérarchie, de transformer une société. C’est aussi montrer ce que c’est que le partage, ce que c’est que de donner aux autres. »
La Power Plant présente le travail de l’artiste Ulla von Brandenburg à l’occasion de la large exposition It has a Golden Red Sun and an Elderly Green Moon montée en collaboration avec la commissaire d’exposition Alexandra Baudelot, codirectrice des Laboratoires d’Aubervilliers en France.

Une expérience physique et esthétique
« Le but était de voir comment ses idées – l’escalier, le mouvement, la couleur, le rituel et le textile – pouvaient se déployer dans cette exposition et dans ce lieu », explique Mme Baudelot.
Ulla von Brandenburg, dont la pratique mélange le film, la performance, la sculpture, l’installation, le livre et le dessin, invite le spectateur à prendre part à une expérience physique et esthétique plongée dans l’image du film et la scénographie de l’espace.
L’œuvre centrale de cette exposition est le film It has a Golden Red Sun and an Elderly Green Moon réalisé en mai sur la scène du théâtre des Amandiers, l’une des plus grandes scènes françaises.
« Je voulais faire un film dans un espace blanc. Ce théâtre inspire quelque chose de complètement différent. Cette architecture des années 1980 ouverte, c’est quelque chose de différent », observe l’artiste qui vit à Paris depuis plusieurs années.
L’œuvre met en scène la construction d’une communauté, une communauté avec ses rapports hiérarchiques, ses équilibres et ses déséquilibres.
La scène du théâtre des Amandiers se transforme en une agora, les draps en toges et les danseurs en serviteurs du sacré. Les corps se déplacent en symbiose au rythme de tambours cérémonials et les draps de couleur prennent vie et marquent la pureté d’un espace à la blancheur fantomatique sous les yeux d’un spectateur devenu le miroir de la représentation.

Un passage entre deux mondes
Le rituel, un thème qu’Ulla von Brandenburg explore dans ses œuvres, pour marquer le passage d’un espace à un autre comme d’un monde vers un autre.
« C’est l’espace qui m’intéresse le plus. Il y a l’espace concret et l’espace réfléchi et aussi l’espace comme cet autre monde. Un espace auquel on peut accéder et rentrer, mais pour lequel on quitte le monde.»
Pour passer entre ces mondes, l’escalier en tant que pièce maîtresse, un escalier qui se miroite du film à la scène.
« L’escalier c’est aussi un lieu de transformation, c’est un élément architectural qui lie deux espaces, c’est aussi un chemin entre les deux espaces, poursuit-elle. C’est intéressant le chemin que l’on fait. »
Entre passé et présent, réalité et illusion, sacré et séculier, l’œuvre offre une possibilité d’expériences hors des seuils de perception quotidiens. Le spectateur devient conscient d’une traversée dans un autre espace pour enfin prendre sa place dans l’espace créé par l’artiste.
« Il y a une grande envie de désacralisation de l’art. Proposer quelque chose où le spectateur fait partie de l’œuvre », conclut Ulla von Brandenburg.

Laurence Stenvot