Alexia Grousson
Dans le cadre de la Journée du cinéma canadien, Cinéfranco présentait, le jeudi 16 avril au Cineplex Scotiabank, une projection gratuite du film Bergers. Réalisé par la cinéaste québécoise Sophie Deraspe, ce métrage avait reçu le prix du meilleur film canadien au 49e Festival international du film de Toronto en septembre dernier. Cette activité était offerte en collaboration avec Reel Canada, une organisation qui promeut le cinéma canadien dans les écoles de l’Ontario.
« Chaque année, nous célébrons la Journée du cinéma canadien afin de soutenir le cinéma, particulièrement l’industrie franco-canadienne et les acteurs. Cela permet également de donner accès gratuitement à de beaux films et ainsi récompenser notre public francophone amoureux du cinéma », relate Marcelle Lean, directrice générale de Cinéfranco, très heureuse d’avoir une salle comble pour la projection.
Cette année, le film choisi était Bergers, une histoire librement inspirée du récit autobiographique D’où viens-tu, berger? de Mathyas Lefebure. Ce film raconte l’histoire de Mathyas, un jeune homme en quête de sens, habitant à Montréal et travaillant dans la publicité, qui abandonne sa vie urbaine pour devenir berger en Provence. Mais derrière le rêve d’une existence paisible se cache une dure réalité, faite de travail acharné. L’arrivée impromptue d’Élise, une fonctionnaire en rupture avec sa routine, vient bouleverser ses plans. Ensemble, ils entament une transhumance, à la fois physique et intérieure. Au rythme de la montagne et du troupeau, ils apprennent à se réinventer.
« J’ai assisté à la projection de ce film au TIFF en 2024 et je l’ai adoré. J’ai aimé son style, son sujet, sa beauté et tout l’amour qui l’imprègne. De plus, j’avais déjà rencontré Sophie Deraspe auparavant. Elle possède une très belle personnalité. Elle est modeste et humble, alors qu’elle accomplit des travaux énormes. C’est une figure majeure du cinéma canadien. Je devais rendre ce film accessible à tous », ajoute Mme Lean.
Sophie Deraspe était présente pour cette Journée du cinéma canadien au Cineplex Scotiabank. Après avoir travaillé comme directrice de la photographie et réalisatrice, elle a exploré le documentaire avant de se lancer dans la fiction avec son premier long métrage indépendant Rechercher Victor Pellerin (2006), un film qui bouscule les codes du réel et qui reçoit un accueil critique enthousiaste.
Son deuxième long-métrage, Les Signes vitaux (2009), tout aussi empreint de réalisme, remporte plusieurs prix dans des festivals internationaux. En 2015, elle réalise Les Loups, une coproduction entre le Canada et la France, avec une distribution d’acteurs populaires du Québec.
La même année, son documentaire Le Profil Amina est sélectionné en compétition officielle au festival Sundance. En 2019, Antigone reçoit une distribution internationale et une reconnaissance mondiale.
En parallèle, Sophie Deraspe se lance dans la création de séries dramatiques pour la télévision, avec Bête noire (2021) et Motel Paradis (2022). Pour Bergers, Sophie Deraspe a su s’emparer brillamment de cette histoire afin d’en révéler toute la portée humaine et poétique.
À la fin de la projection, une période de questions a permis au public d’échanger avec la réalisatrice Sophie Deraspe.
De nombreuses interrogations ont été soulevées, notamment sur le message qu’elle souhaitait transmettre à travers son œuvre. Elle a évoqué l’amour sous différentes formes – celui que l’on retrouve dans l’histoire, à travers la nature et les animaux.
Le film se distingue en effet par une richesse visuelle et sonore remarquable : les paysages grandioses, parfois filmés du point de vue du troupeau en mouvement, captivent l’œil. On retient également la résilience du personnage principal qui, malgré les défis de son apprentissage comme apprenti berger, parvient à surmonter les épreuves pour rester fidèle à sa passion pour la nature et les bêtes.
La réalisatrice a aussi échangé avec une vacancière, originaire de la région française où le film a été tourné et professeure de cinéma à l’université. Cette dernière a souligné la dimension féministe qui transparaît dans le long métrage, contrastant avec le point de vue plus masculin du livre dont il est adapté. « Toutes les discussions étaient très intéressantes », conclut Marcelle Lean.
Photo (Crédit : Alex Rive) : La cinéaste Sophie Deraspe répond aux questions du public.