Jean-François Gérard
Seul 4 % des femmes sont développeures Internet au Canada; en France sur les 120 entreprises technologiques les plus prometteuses seulement 7 ont une femme comme première directrice générale, des écarts de salaire d’environ 16 % dans les deux pays.
Le rapport Femmes et Innovation : Encourager l’entreprenariat féminin et accroître la place des femmes dans la Tech présenté le 8 mars à l’occasion de la journée de lutte pour le droits des femmes liste des enjeux communs aux deux pays.
Ce travail a été effectué auprès de 30 structures pour Abeona un tout nouveau réseau franco-canadien pour l’entreprenariat numérique féminin, lancé le même jour en simultané de Toronto, Paris, Montréal et Vancouver en présence des ambassadeurs canadien et français. Abeona veut dire « départ » en latin. C’est aussi le nom d’une déesse romaine qui veille sur les déplacements. Le réseau est porté par la Chambre de Commerce et d’Industrie française au Canada, l’ambassade de France et la French Tech, un label qui donne une identité visuelle aux jeunes pousses françaises numériques. La gestion quotidienne devrait être déléguée à un prestataire.
« C’est un réseau de réseaux » avec des partenaires publics et des entreprises privées « qui ont toutes des programmes de soutien aux femmes », relève Estelle Chen, coprésidente de la French Tech à Toronto.
Venue de la Finance, un autre milieu très masculin, Estelle Chen témoigne avoir au début « travaillé uniquement avec des hommes » : « J’avais peur de ne pas trouver ma place. Il faut vraiment voir des femmes dans l’entreprenariat numérique pour croire que c’est possible », ajoute-t-elle.
Moins présentes et moins en position de pouvoir, les femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat ont 30 % moins de chance que les hommes d’obtenir des financements. Autre conséquence, la conception de services numériques pensés davantage en fonction des besoins des hommes que des femmes.
Abeona se fixe plusieurs objectifs : partager les connaissances et bonnes pratiques, lancer des actions concrètes, plaider pour plus de représentation des femmes et des minorités, donner accès à des outils et engager un dialogue avec les dirigeants d’entreprises et responsables politiques.
Malgré des constats « alarmants » sur la parité, « aucune loi ne s’est pour le moment consacrée au sujet » pointe le rapport d’Abeona, malgré différentes loi sur l’égalité de genre en général dans les deux pays.
La French Tech a été fondée il y a 10 ans. Il a fallu attendre 2020 pour qu’une émanation soit lancée à Toronto. Parmi ses neuf dirigeants-bénévoles, on retrouve trois femmes. Soit un peu plus que la proportion de femmes dans la tech en France (30 %). « On se structure, on a nommé cinq vice-présidents pour déléguer différentes activités », explique Estelle Chen. Des rencontres informelles sont organisées tous les mois. Un événement plus large est prévu le 18 mai au Musée royal de l’Ontario, où près de 500 personnes francophones et francophiles de l’écosystème torontois sont attendues.
Photo : La remise du rapport Femmes et Innovation à Michel Miraillet, ambassadeur de France au Canada