L’OCAD University, une institution d’enseignement supérieur basée à Toronto et consacrée aux arts et au design, entre en collaboration avec deux établissements français du même domaine : l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD) et l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle (ENSCI). C’est le lundi 22 mars qu’ont été officialisée les accords liant désormais ces trois établissements.
Les bases de ces ententes avaient été jetées à l’automne 2018 alors que des représentants de l’OCAD University s’étaient rendus en mission en France afin d’établir des échanges multilatéraux avec d’autres institutions. Faciliter la mobilité étudiante et enseignante de même que la formation de projets artistiques communs étaient alors à l’ordre du jour, particulièrement dans les secteurs de l’animation, du design graphique et du jeu vidéo.
Cette mission avait été financée et organisée par le Service de coopération et d’action culturelle (SCAC) qui, rattaché dans le cas présent au consulat de France à Toronto, est chargé de mettre en oeuvre les initiatives de coopération prises entre la France et les autres pays du monde. Le SCAC est demeuré en contact avec l’OCAD University jusqu’à l’hiver 2020, c’est-à-dire jusqu’à ce que cette dernière approfondisse et peaufine sa relation avec l’EnsAD et l’ENSCI. Ces démarches ont abouti à la finalisation d’accords qu’il ne reste plus désormais aux principaux concernés, incluant le consulat français, qu’à faire connaître.
En quoi consiste, au juste, ces ententes? « L’avantage, pour les étudiants, est d’avoir accès à une nouvelle approche académique et culturelle », explique Peggy Harvey, chargée de la mobilité étudiante au SCAC. Ceux qui ont l’occasion de faire l’expérience d’un pareil parcours n’ont pas besoin de s’inscrire à deux institutions : les crédits obtenus lors de leur passage dans une université à l’étranger sont transférés au programme offert par leur université d’attache. Leurs études se trouvent donc à être bonifiées par ce séjour dans un autre pays, avec tout ce que cela comporte comme acquis qui leur permettront de bâtir des ponts entre deux cultures.
« En général, quand ils reviennent, ils nous disent que c’est la plus belle année de leur vie », commente Mme Harvey quant à cette formule éprouvée.
Il faut dire aussi que l’ENSCI et l’EnsAD sont deux écoles reconnues pour leur excellence. L’OCAD University n’est pas en reste à ce chapitre, tout comme Toronto en général, réputée pour son offre de formations de haut niveau en animation.
« On espère créer des liens entre les étudiants : ça permet de poser les bases de partenariats qui vont durer », ajoute Tiffany Fukuma, attachée de coopération culturelle au consulat de France à Toronto. En effet, les jeunes professionnels ayant eu la chance de faire leurs études dans deux pays se trouvent de facto préparés aux besoins de leurs marchés respectifs. Créer ainsi un bassin d’artisans qui, quoique séparés par un océan, n’en ont pas moins des atomes crochus, facilitera les projets de coopération.
« Le Canada, pour la France, est un pays prioritaire pour l’export de produits créatifs et culturels », explique Mme Fukuma. L’inverse est également vrai, le Canada ayant une stratégie similaire à l’endroit de cet autre pays du G7. « Ça inclut toutes les disciplines artistiques qui vont de pair avec un volet industriel et commercial », précise l’attachée.
Le public ne sera pas en reste puisque cette formation engendrera dans son sillage quelques événements accessibles à tous. Ainsi, en mai ou juin prochains, une série de causeries offertes dans le cadre de ce programme par des architectes, designers et autres spécialistes sera mise en ligne pour le bénéfice de tous.
Ce n’est pas tout : « Il n’y a rien d’officiel mais l’ambassade du Canada à Paris souhaiterait s’approcher de ces trois écoles pour faire des projets », mentionne Peggy Harvey sous toutes réserves. En effet, l’ambassade dispose d’une salle d’exposition qui pourrait servir à mettre en valeur le travail des étudiants.
La collaboration naissante entre l’OCAD University, l’EnsAD et l’ENSCI s’inscrit dans un phénomène plus large. La diplomatie française favorise depuis plusieurs années ce type de contact entre universités et une synergie semblable est en voie d’être mise en place pour les collèges. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que Toronto bénéficie de cette volonté d’internationaliser l’enseignement : que l’on se souvienne, il y a cinq ans, de la signature d’un accord de partenariat entre le Collège universitaire Glendon et l’emlyon business school.
C’est donc dire que cette formule est promise à un bel avenir et resserrera encore davantage les liens entre le Canada et la France.
PHOTO – Ana Serrano, présidente et vice-chancelière de l’OCAD University, montre le document de collaboration signé dans le cadre d’une cérémonie qui s’est tenue en ligne ce matin.