« Quelle belle façon pour moi, pour nous tous, de terminer ce Mois de la francophonie, en mettant en avant un autre projet », annonçait la ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur, le jeudi 31 mars, en ouverture du premier colloque sur la santé sexuelle et les nouvelles stratégies de prévention du VIH/sida.

Infirmière de formation, la ministre a vécu les années sombres du début des années sida. Une période où l’on ne parlait pas de la maladie, où les transfusions à l’hôpital étaient refusées par les femmes enceintes du risque d’être infectées.

« Je veux rendre hommage à tous ceux et celles qui sont descendus dans la rue, disait Mme Meilleur. Aujourd’hui on vit avec, on n’en meurt pas. »

Le colloque était organisé par l’organisme Action positive VIH/sida (APVS) qui recevait pour l’occasion, des mains de la ministre, le certificat de désignation officielle sous la Loi sur les services en français de l’Ontario. 

« Nous souhaitons offrir de la formation et de l’information durant ce colloque », annonçait Éric Cader, directeur d’APVS. En effet pour ce premier colloque, l’organisme avait réuni des intervenants réputés afin de partager la mise à jour des savoirs en termes de prévention du virus. Si les avancées médicales ont fait un bond, la conscience de la société sur ces sujets ne bouge pas au même rythme.

Le Dr Réjean Thomas, fondateur de la clinique l’Actuel à Montréal et engagé dans la lutte contre le VIH/sida, revenait sur la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et la prophylaxie post-exposition (PPE), deux stratégies de prévention développées pour lutter contre la transmission du VIH.

La PrEP est un médicament actif qui vise à réduire et empêcher le risque de contracter le virus. La PrEP est une stratégie qui agit dans le cadre la pré-exposition quand la PPE, elle, agit dans le cadre de la post-exposition – donc répond au besoin d’une personne craignant avoir été exposée au VIH.

« La PPE, la PrEP… Il y a un gros travail à faire au niveau politique ainsi qu’au niveau social. Ce n’est pas bien accepté, expliquait le Dr Thomas. Il y a un jugement social sur ceux qui prennent la PrEP. » 

Le malentendu sur ces stratégies de prévention est la notion d’encouragement à la promiscuité qu’elle inclut pour certains.

« C’est un peu comme si c’était I am planning to be bad (je prévois d’être méchant) », ajoutait de son côté Marc-André LeBlanc, consultant en recherche communautaire sur les stratégies de prévention en matière de VIH/sida. Le blogueur s’est investi dans la lutte contre le virus après la mort de son père, décédé des suites du sida.

Pourtant la question est aussi simple que le slogan que Marc-André LeBlanc montrait à l’écran durant le colloque : Tu as des pilules qui préviennent la transmission du VIH, et tu ne les utilises pas?

« Pendant 30 ans, on avait un seul outil pour prévenir la transmission et c’était le préservatif. Aujourd’hui, on vit une époque en pleine expansion en ce qui concerne les outils de prévention. Dans quelque temps, on regardera les années 2015 comme des années aussi importantes que les années 1996 (années qui marquent l’arrivée de la trithérapie). « Il y a un protocole pour bénéficier de la prescription de la PrEP. » 

Est-on à risque ou pas? Voilà la question à se poser. « On donne des conseils, ce n’est pas mathématique. Il faut avant tout avoir des discussions de bonne foi », ajoutait le Dr Réjean Thomas.

 

Photo:  Action Positive VIH/Sida a reçu un certificat de désignation officielle.