Arrivée à Toronto en septembre dernier après avoir dirigé le Montréal, arts interculturels (MAI) pendant 12 ans, Régine Cadet vient de prendre ses fonctions en tant que directrice générale de Theatre Passe Muraille. Une francophone à la tête d’une compagnie théâtrale de langue anglaise a évidemment piqué notre curiosité. Le Métropolitain a pu récemment s’entretenir avec Régine Cadet.
Xavier Lambert (X.L.) : Qu’est-ce qui a motivé votre venue à Toronto et comment se passe votre adaptation à ce nouvel environnement?
Régine Cadet : J’ai déménagé à Toronto pour des raisons familiales. Tout d’abord, il faut que je m’adapte à un nouveau milieu, des nouveaux joueurs et des partenaires différents. Bien que Theatre Passe Muraille soit une compagnie anglophone, je constate des similitudes avec MAI. Il s’agit quand même toujours de théâtre. Nous présentons nos propres productions mais nous louons aussi nos locaux à d’autres troupes. Mes années à MAI m’ont appris à gérer un site. Tout comme MAI, Theatre Passe Muraille s’intéresse aux artistes émergents et indépendants ainsi qu’à la diversité culturelle. Tout est encore nouveau pour moi puisque je suis installée depuis seulement quatre semaines. Au fur et à mesure, je compte cependant partager ma vision et apporter des améliorations au niveau de la gestion.
X.L. : Comment percevez-vous la scène culturelle torontoise par rapport à son homologue montréalaise ?
Régine Cadet : À première vue, les opportunités d’emploi semblent plus nombreuses à Toronto. À titre indicatif, j’ai obtenu des entrevues pour chacune des cinq demandes d’emploi que j’ai envoyées. Il semble donc qu’il y ait plus d’ouvertures sur le marché torontois. Le financement de la culture s’opère différemment. Même si les Montréalais se plaignent du manque de financement, force est de constater que les choses sont pires ici. À Toronto, il faut aller chercher des fonds privés. Si la scène théâtrale torontoise offre plus de diversité, celle de Montréal demeure peut-être plus audacieuse et avant-gardiste. On présente beaucoup de spectacles grand public à Toronto.
X.L. : Que pensez-vous apporter dans vos nouvelles fonctions en tant que francophone d’une part et tant qu’Haïtienne d’autre part?
Régine Cadet : Le fait qu’on ait engagé une francophone pour gérer un théâtre anglophone n’est pas commun. Si ça m’a étonnée dans un premier temps, cela démontre tout de même beaucoup d’ouverture et en dit long sur cette ville. Les Haïtiens sont des francophones et s’intègrent donc dans la communauté franco-torontoise. Ma nomination semble avoir suscité beaucoup d’intérêt parmi cette dernière. Je ne suis cependant que la directrice générale. Même si mon opinion compte, je dois suivre l’avis des autres. On pourra peut-être à l’avenir inclure des œuvres francophones et pourquoi pas les présenter à Montréal.
X.L. : Quel est justement le prochain spectacle présenté au Theatre Passe Muraille?
Régine Cadet : À la mi-février, nous présentons Same Same but Different, un spectacle qui met en scène une artiste de Bollywood qui est confrontée à la question de couleur de peau. On aborde entre le degré de clarté ou de noirceur de la peau. C’est un thème similaire à ceux que j’ai connus au MAI.