Alexia Grousson
Les Journées artistiques (JA) de la jeunesse afrodescendante sont un événement culturel qui met en vedette le talent, la créativité et l’héritage des jeunes artistes afrodescendants de la communauté francophone de l’Ontario. Cette initiative provient de Point Ancrage Jeunesse (PAJ), un organisme qui promeut l’identité afro-canadienne ainsi qu’un monde plus juste, inclusif et prospère, où la jeunesse trouve sa place et peut s’épanouir pleinement.
« Je me suis rendu compte que beaucoup de jeunes immigrants ou d’origine afrodescendante, perdent leur identité à un moment donné. En créant le PAJ, j’ai voulu faire de la reconstruction identitaire, en aidant les jeunes à se développer personnellement et professionnellement. Je voulais aussi leur faire comprendre qu’ils ont une voix à faire entendre, physique oui, mais aussi d’une façon créative et artistique », explique la directrice générale de l’organisme, Edwige Ngom.
Les JA de la jeunesse afrodescendante sont un événement qui propose aux jeunes d’exposer leurs talents dans divers domaines, notamment la musique, la danse, le chant, la peinture, le dessin, la photographie, la sculpture, l’écriture, le théâtre, la mode, etc. Les premières JA ont eu lieu à l’Université de l’Ontario français, les 21 et 22 février.
Pour y participer, les jeunes devaient résider en Ontario, être afrodescendant francophone, avoir entre 16 et 25 ans et posséder un talent. L’événement représentait une occasion unique pour ces jeunes artistes de se rencontrer, de partager leurs œuvres avec un public plus large et d’établir des liens avec des professionnels du milieu artistique. En plus de mettre en vedette les artistes émergents, les JA soutiennent la diversité culturelle et encouragent la participation active de la jeunesse francophone dans le monde des arts.
Cette année, 35 participants ont tenté leur chance face à un jury composé de Woodney Pierre, autrice-compositrice et interprète; YAO, artiste engagé, et Loanna Thomaseau, entrepreneure cofondatrice de Perle Noire. « Notre jury était pluridisciplinaire, impliqué auprès des jeunes et avait à cœur la lutte pour les valeurs des afrodescendants. Il n’a pas seulement jugé les candidats, il a aussi prodigué des conseils adaptés à chacun d’eux », relate Laura Longfort, coordonnatrice de projet à PAJ.
La troupe de danse burundaise Inganda a ouvert le bal en proposant un avant-goût enflammé de ce que promettait le concours artistique. L’ambassadeur des Journées artistiques, Seydina Soumah, s’est ensuite présenté. Écrivain, cinéaste, acteur et photographe d’origine africaine, il a exploré la banalité de la vie quotidienne avec des personnages marginaux, des figures périphériques, autour de thèmes centraux tels que l’identité, la mémoire et la culture dans notre monde interconnecté.
Le coup de cœur du public a été la troupe de danse de l’école secondaire Saint-Charles-Garnier.
Quant au jury, il a décerné la première place à l’artiste peintre Siaho Marie Virginie Gbe. Accompagnée de son coach, Gabriel Osson, elle a évoqué sa joie face à sa victoire et la fierté d’être afrodescendante. « Quand j’ai entendu mon nom, je n’y croyais pas. Il y avait tellement de belles prestations. Je suis contente que le jury ait aimé mon authenticité car je suis ce que mon art est », commente-t-elle. Les deuxième et troisième places ont été attribuées aux écoles secondaires Père-Philippe-Lamarche et Saint-Charles-Garnier.
« Même si c’était intense au niveau de la préparation, ces journées ont dépassé de loin mes attentes. Plusieurs jeunes étaient très impliqués. Ils étaient au rendez-vous et ont joué le jeu jusqu’au bout avec professionnalisme. J’ai trouvé cela émouvant et ça me motive encore plus pour l’an prochain », conclut Mme Longfort.
Pour 2026, les organisateurs visent encore plus haut et aimeraient ouvrir les inscriptions à plus de personnes en augmentant le nombre de partenaires ainsi que l’âge des candidats.
Photo : Edwin Ngom, Siaho Marie Virginie Gbe et Loanna Thomaseau (Crédit : PAJ)