Olaïsha Francis

Le 401 Richmond Ouest à Toronto est un endroit bien connu des artistes de la ville en raison de la présence d’un centre d’arts médiatiques francophone nommé Le Labo. C’est un lieu où se rassemblent des centaines d’artistes. Pour l’exposition en cours, le duo d’artistes aenl présente une installation intitulée S4M4R3S. Présentée jusqu’au 28 juin, elle explore notre rapport au temps, à la technologie et à la nature. Elle s’inscrit dans le thème de « La Jachère », qui invite à ralentir, faire silence et cultiver le vide.

Le Labo soutient particulièrement les artistes francophones. Ce réseau non seulement aide les artistes dans leur carrière, mais offre aussi un espace pour réfléchir, collaborer et échanger.

« Nous avons une approche ouverte avec notre programmation, mais chaque œuvre est sélectionnée avec soin. Nous faisons un appel d’œuvres deux fois par an guidé par le thème « La Jachère » et, cette année, le projet S4M4R3S a été sélectionné », mentionne Gabriel Córdova, responsable des communications au Labo. Pour aenl, constitué de Nicolas Lapointe et Anna Eyler, ce thème résonne bien. Ils ont décidé d’utiliser la technologie de manière lente, ce qui est un peu à l’opposé de notre époque qui privilégie l’immédiat.

L’œuvre S4M4R3S propose une expérience unique. Suspendue au plafond, une imprimante thermique s’active une fois par jour, de façon aléatoire, pour imprimer une graine d’érable stylisée. Cette graine, ou samare, tombe en spirale et s’accumule lentement au sol, formant une colonne de papier. Chaque impression devient une sorte de performance, un acte répétitif qui fait réfléchir sur le temps qui passe et la lenteur des actions.

« Avec l’art électronique, on attend souvent une réaction immédiate. Mais nous avons voulu utiliser la technologie autrement : lentement, presque méditativement », précise Nicolas Lapointe. Cette lenteur et ces moments d’attente sont essentiels à l’œuvre. Le public ne sait pas quand la graine va tomber, il observe juste le déroulement du processus. Cela incarne l’idée que la nature prend son temps, et que la technologie peut aussi ralentir ce temps, plutôt que de le presser.

L’exposition, avec son style minimaliste, permet à chaque visiteur d’interpréter l’œuvre à sa façon. Anna Eyler se souvient des réactions positives lors du vernissage, avec des gens captivés par chaque impression et émerveillés de voir les graines tomber lentement. Cette accessibilité et cette capacité d’interprétation sont au cœur du projet.

Le duo aenl explore une démarche artistique où la spiritualité et la technologie se rencontrent. « Nos œuvres parlent de sujets tels que la mentalité, la nature, la technologie ou encore la spiritualité de façon ludique », explique les artistes. Avec S4M4R3S, ils invitent à ralentir, à observer et à réfléchir sur notre manière de vivre et d’interagir avec le temps et la technologie.

Le Labo veut assurer un environnement où la communauté francophone peut s’exprimer et partager sa culture, surtout dans une ville souvent moins attentive à ces voix.

L’exposition S4M4R3S se poursuit jusqu’au 28 juin, du mardi au vendredi de 11 h à 18 h, et le samedi de 11 h à 16 h. C’est gratuit, et les visiteurs peuvent prendre tout le temps qu’ils souhaitent pour contempler l’œuvre.

Photo : le duo d’artistes aenl présente une installation intitulée S4M4R3S (Crédit : Le Labo)