Quel sera le futur de Radio-Canada?

Désintérêt des milléniaux, place du Québec au national, représentativité de la diversité franco-canadienne… Sur Twitter, Facebook et dans l’atrium de Radio-Canada, les questions et les commentaires fusaient ce mercredi 8 février.

Le radiodiffuseur public avait invité la communauté à échanger lors d’une assemblée participative sur le thème de La présence et la pertinence du radiodiffuseur à l’heure d’une abondance des contenus.

Sept des membres de la direction de Radio-Canada étaient présents pour répondre aux questions de la communauté dont Marco Dubé, directeur général des Services régionaux, Michel Bissonnette, vice-président principal des Services français, et Pierre Ouellette, directeur des services régionaux, régions de l’Ontario.

Des experts sur le terrain
La première question était soulevée par une représentante du Réseau de développement économique et d’employabilité (RDEE) encourageant le diffuseur à donner plus de voix aux acteurs sectoriels régionaux que représentent les organismes communautaires apportant ainsi un point de vue d’expert au média et lui permettant alors de sortir des sentiers battus par la plupart des acteurs médiatiques.

À cette intervention Marco Dubé reconnaissait deux grands axes inhérents à Radio-Canada, mais pour autant en affrontement : la nécessité de tout média de faire preuve de rapidité et d’efficacité d’action et le besoin d’aller chercher de la profondeur.

« Il y a un souci de produire un journalisme d’impact. C’est un sujet, une préoccupation sur laquelle on travaille », a indiqué le directeur général des services régionaux.

Les milléniaux toujours absents à l’appel
Daniel Giroux du Collège Boréal soulevait ce que M. Dubé appellera l’éléphant dans la pièce, c’est-à-dire le manque d’impact sur les milléniaux du diffuseur public francophone. Un défi auquel l’équipe de direction indiquait vouloir répondre par le biais d’une présence plus accrue sur les réseaux sociaux, mais également une refonte de l’apparence tout comme de l’accessibilité de Radio-Canada.

En effet, après des années difficiles sur le plan financier, Radio-Canada a retrouvé les fonds suffisants pour se lancer dans de nouveaux projets et ces fonds seront investis selon deux grands axes : le numérique et la programmation sociale et culturelle dédiée à faire émerger de nouveaux talents.

« Il faut penser avec des yeux qui ont 20 ans, déclarait Michel Bissonnette. Être contraint d’écouter une émission à 19 h, cela ne fait pas partie de leur monde. »

Pour répondre à ce défi générationnel, Carol Jolin de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario proposait au diffuseur d’assurer un suivi plus exhaustif des écoles francophones permettant ainsi d’intéresser les jeunes à Radio-Canada, mais également de promouvoir la francophonie.

Sur Twitter, un auditeur proposait de lier web et télé en créant une émission de zapping de youtubeurs francophones ou encore en développant les concours sur leur chaîne.

Sept des membres de la direction de Radio-Canada étaient présents pour entendre les questions de la communauté

Quand le Québec devient le national
Ce thème s’ouvrait avec la question épineuse de la couverture grandement focalisée sur le Québec donnée par Radio-Canada lors de ces émissions nationales. Une question directement adressée par un auditeur sur Facebook qui indiquait préférer regarder CBC plutôt que Radio-Canada pour obtenir des informations nationales.

Un commentaire que l’équipe de Radio-Canada semblait avoir conscience et qui affirmait être « dans une réorganisation importante » à ce sujet.

La présence de la ville de Toronto comme capitale financière et culturelle a été également abordée, l’intervenante s’interrogeant sur sa place dans la diffusion nationale.

Des accents à l’antenne
Quelle place pour la diversité francophone canadienne s’interrogeait-on dans la salle quand un seul accent (québécois) est présent en onde et n’est pourtant pas représentatif de la francophonie hors Québec.

Marco Dubé reconnaissait pouvoir et vouloir « faire mieux dans leur recrutement » indiquant, par exemple, l’ouverture d’un programme de stage à Radio-Canada spécialement ouvert pour les Autochtones.

Si l’assemblée abordait les thèmes et défis majeurs inhérent à Radio-Canada, ses dirigeants semblaient désireux de faire évoluer les choses. À voir de ce qu’il en adviendra.