Le Métropolitain

La santé mentale des femmes est un sujet de plus en plus préoccupant au Canada. Certaines femmes subissent des violences physiques ou morales dans leur foyer et d’autres sont en proie à de gros stress. Il y a diverses raisons qui font que leur santé mentale peut être atteinte. Pour mettre en lumière cette problématique, La Maison, Oasis Centre des femmes, les Entité 3 et 4, et le Collège Boréal se sont associés afin d’organiser une foire de santé dédiée à la santé mentale des femmes francophones du Sud ontarien. L’activité s’est déroulée le 22 novembre, au Centre civique de North York, et a rassemblé une soixantaine de personnes.

L’événement avait pour objectifs de faire la promotion des services de santé mentale en français disponibles dans la région et de proposer des voies d’amélioration quant à l’accès de ces services. La rencontre a permis, entre autres, de déstigmatiser la santé mentale des femmes et particulièrement celles issues de l’immigration, de sensibiliser et d’orienter les professionnels de santé sur les besoins particuliers de cette clientèle, tout en renseignant les femmes sur la santé mentale.

« Par exemple, il y a plusieurs années dans le secteur de Toronto Ouest, on a constaté que le problème de santé mentale était élevé alors que le taux d’utilisation des services disponibles était au plus bas. Dans cette région, il y avait aussi beaucoup d’immigrants d’origine afro-caribéenne. Le constat était que les services ne sont parfois pas disponibles en français, car ce n’est pas toujours évident pour les structures de recruter du personnel bilingue, explique Constant Ouapo, directeur général de l’Entité 3.

« Mais ce n’est pas que cela, il s’agit parfois d’un blocage qui vient de la part des francophones. Dans certaines communautés, ces personnes deviennent une cible en raison des stigmas autour de la santé mentale. Certaines craignent d’être étiquetées et ne demanderont pas d’aide. »

Le programme de l’événement s’est articulé autour de plusieurs activités. Il y a eu une première table ronde où des intervenants de différents centres de santé de la région ont présenté les services francophones disponibles. Les panélistes ont abordé les obstacles existants par rapport à l’accès aux services de santé mentale.

L’après-midi a été marqué par deux groupes de discussion. Le premier a traité de la déstigmatisation de la santé mentale, en particulier chez les femmes immigrantes et réfugiées, tandis que le second s’est concentré sur le rôle des professionnels de la santé et leurs stratégies d’intervention. La journée s’est conclue par un groupe qui a récapitulé les échanges et proposé des recommandations pour améliorer la situation.

L’essentiel de ce forum est d’avoir fait ressortir plusieurs barrières au niveau de la santé mentale des femmes dont la stigmatisation a pour conséquence le refus des femmes d’aller vers de tels services, la pénurie de professionnels francophones, la complexité du système de santé de l’Ontario.

« Organiser un forum avec des discussions aussi sérieuses et voir autant de personnes qui se bousculent pour y assister me touche particulièrement. Socialiser est une thérapie pour tout le monde. Une autre chose marquante a été la solidarité entre les cinq organismes qui se sont donné la main pour travailler ensemble. En travaillant ensemble, avec synergie, nous arrivons à accomplir des choses impressionnantes. À ce jour, nous avons réussi à atteindre la communauté en envoyant un message fort et en discutant sans tabou d’un sujet assez délicat », conclut M. Ouapo.

Des discussions ont lieu afin de recréer un événement de la même envergure au mois de mars.  

Photo (Crédit : Entité 4): la foire Santé au féminin