Michel Saba

Mark Carney, fraîchement élu pour la toute première fois il y a deux semaines, a dévoilé, le mardi 13 mai, le vaste conseil des ministres de pas moins de 38 membres, presque paritaire, en comptant des élus de toutes les provinces et d’un territoire. Et bien que les libéraux sont au pouvoir depuis 2015, il marque une cassure avec l’ère Trudeau en étant moins à gauche et avec plus d’un tiers de nouveaux visages.

« Je me sens très bien, prêt à démarrer », a lancé le nouveau premier ministre tout sourire à son arrivée à Rideau Hall, la résidence de la gouverneure générale, pour la cérémonie d’assermentation.

Le nouveau conseil des ministres devra « prendre des mesures décisives », et apporter « les changements nécessaires de toute urgence », a précisé M. Carney dans un communiqué de presse.

Son gouvernement, qui est minoritaire, a un mandat « clair », a-t-il noté. Selon sa compréhension, les Canadiens veulent qu’il établisse une nouvelle relation économique et de sécurité avec les États-Unis, bâtisse une économie plus forte et réduise le coût de la vie et assure davantage de sécurité au pays.

Carney établit une distinction entre les termes « cabinet » et « conseil des ministres » que les Canadiens utilisaient comme des synonymes au cours des dernières années. Seuls les « ministres », ils sont 28, siégeront au cabinet. Ils seront aidés de dix « secrétaires d’État ». Le groupe, dans son ensemble, forme le conseil des ministres.

Le premier ministre renoue avec la tradition établie par son prédécesseur Justin Trudeau en 2015 de nommer un cabinet paritaire. En plus de M. Carney, il est composé de 14 hommes et tout autant de femmes. Dans l’ensemble du conseil des ministres, M. Carney sera néanmoins entouré de 20 hommes et 18 femmes.

Il s’agit du deuxième conseil des ministres de M. Carney, mais de son premier depuis son élection. Lorsqu’il a pris la tête des libéraux, M. Carney avait réduit la taille du conseil des ministres, le faisant passer de 39 membres à 23.

L’hyperactif député de la Mauricie François-Philippe Champagne reste aux Finances. Il ajoutera les fonctions de ministre du Revenu national.

Dans la région de Québec, M. Carney fait accéder Joël Lightbound au Saint des saints à titre de ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l’Approvisionnement, continuant ainsi d’exclure Jean-Yves Duclos (Québec-Centre) du conseil des ministres.

Chrystia Freeland, dont la démission comme ministre avait poussé M. Trudeau vers la sortie et qui était la principale rivale de Mark Carney lors de la course à la direction des libéraux, revient au cabinet, à titre de ministre des Transports et du Commerce intérieur.

Prenant un virage vers le centre de l’échiquier politique, M. Carney exclut nettement Karina Gould et Nathaniel Erskine-Smith.

Mélanie Joly perd les Affaires étrangères au profit d’Anita Anand, pour devenir ministre de l’Industrie. La députée montréalaise occupait le poste depuis octobre 2021.

Au chapitre des autres mousquetaires de la relation canado-américaine, l’Acadien Dominic LeBlanc conserve sensiblement les mêmes fonctions. Il sera responsable du Commerce Canada-États-Unis et des Affaires intergouvernementales.

Le député de la région d’Ottawa David McGuinty, qui était récemment assis dans le Bureau ovale à titre de ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, aura désormais la responsabilité de la Défense nationale.

L’ancien ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, est reconduit dans des fonctions de ministre de « l’Identité et de la Culture canadiennes ». Il se voit ajouter la responsabilité des Langues officielles, un portefeuille qui avait complètement disparu il y a quelques mois dans le premier cabinet de Mark Carney.

Guilbeault est néanmoins dépouillé de sa fonction de lieutenant de M. Carney au Québec, qui n’existe plus.

Steven MacKinnon, un élu de l’Outaouais, renouera avec des fonctions qu’il avait occupées précédemment de leader du gouvernement à la Chambre des communes.

De nouveaux élus du Québec

Parmi les nouveaux élus, Marjorie Michel, qui représente désormais la circonscription de Papineau où s’était fait élire Justin Trudeau, dont elle a été cheffe de cabinet adjointe, devient ministre de la Santé. Le poste était occupé par Kamal Khera, mais elle a été battue aux dernières élections.

La députée d’Abitibi — Baie-James — Nunavik — Eeyou et ancienne grande cheffe du Grand Conseil des Cris au Québec, Mandy Gull-Masty, accède à la fonction de ministre des Services aux Autochtones.

D’autres élus du Québec ont été nommés secrétaires d’État : Anna Gainey (Notre-Dame-de-Grâce — Westmount) aura des responsabilités au chapitre de l’enfance et de la jeunesse, et Nathalie Provost (Châteauguay – Les Jardins-de-Napierville), une survivante de la tuerie de l’École polytechnique, aidera en matière de « nature ».

Autres nominations notables. Le Néo-Écossais Sean Fraser devient ministre de la Justice, Lena Metlege Diab est la nouvelle ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, et l’ex-président de la société d’État Hydro One, Tim Hodgson, sera en charge de l’Énergie et des Ressources naturelles.

Le Parlement doit reprendre ses travaux le 26 mai. M. Carney a annoncé que le roi Charles III prononcera le discours du Trône le lendemain.

Source : La Presse canadienne, avec des informations d’Émilie Bergeron et de Vicky Fragasso-Marquis

Photo : Le conseil des ministres (Crédit : Gouvernement du Canada)