Un regroupement de plus de 85 000 médecins canadiens recommande au gouvernement du Canada de consacrer d’ici dix ans une nouvelle somme de 21 milliards $ pour aider les provinces à affronter l’augmentation des coûts des soins de santé.

Dans une analyse dévoilée mardi, l’Association médicale canadienne (AMC) explique que les transferts fédéraux pour les soins de santé doivent davantage tenir compte du vieillissement de la population du pays.

L’étude réalisée pour l’Association, mais par le Conference Board du Canada, avance que d’ici une décennie, en raison d’une population vieillissante ayant besoin de plus de soins, les coûts de la santé pour les provinces et territoires augmenteront de 93 milliards $.

Les auteurs de l’analyse prédisent qu’au cours des dix prochaines années, la croissance annuelle des dépenses en santé pour les provinces s’élèvera à 5,1 pour cent alors que selon le financement actuel, les transferts fédéraux à cette fin n’augmenteront que de 3,6 pour cent.

Le président de l’Association médicale canadienne, Laurent Marcoux, précise que les provinces dépensent déjà plus de la moitié de leur budget en santé. Selon lui, le fédéral devra donc les aider davantage.

M. Marcoux rappelle que le système de financement des soins de santé a été conçu à une époque où l’âge médian au Canada était de 27 ans, alors qu’il est aujourd’hui de 40 ans.

Le docteur Marcoux clame que le statu quo n’est plus acceptable et que les politiciens doivent cesser de planifier seulement quatre ans à la fois pour être réélus.

« Si on ne s’occupe pas du problème du système de santé (avec) des personnes vieillissantes, c’est un état de faillite pour le système de santé à moyen terme, à court terme. »

Le président de l’AMC croit qu’il faut voir aussi grand que lorsque l’on a créé notre système de santé. Après un demi-siècle, il faut rénover notre modèle, le moderniser et l’adapter aux nouveaux besoins de la société. Il suggère des pistes de solution.

« Un système de santé basé sur des soins à domicile bien organisés, des crédits d’impôt pour les aidants naturels, une refonte complète de la façon dont on voit les soins des personnes âgées ou qui souffrent de maladies chroniques, si on revoit ça à fond, je pense que la société ne s’en portera que mieux », déclare Laurent Marcoux.

Le docteur Marcoux soutient que notre société a fait le choix de vivre plus longtemps et qu’elle est maintenant victime du succès de la médecine moderne. Cela vient toutefois, selon ses dires, avec une plus importante cohorte de problèmes physiques et mentaux auxquels il faut faire face.

« On a à vivre avec les choix qu’on a eus d’améliorer la santé de la population, maintenant on doit lui permettre de vivre dignement dans un âge avancé. »

 

SOURCE: Martin Leblanc, La Presse Canadienne