S’il est une exposition qu’il ne faut pas manquer à Toronto, c’est bien celle de l’artiste André Pitre à la Galerie Thompson Landry. L’espace artistique installé au cœur du quartier de La Distillerie présente la première exposition solo de l’artiste au sein de ses murs jusqu’au 4 décembre.
Un détail qui ne trompe pas, le vernissage d’ouverture était un grand succès et les ventes se sont succédé.
Il est difficile de ne pas basculer dans l’univers du peintre québécois, basé à Montréal, lui qui entraîne le visiteur par une palette de couleurs entêtantes dans monde vacillant entre beauté et fragilité.
L’exposition La couleur des choses est née d’un voyage sur les terres originelles de Gaspésie, région natale du peintre. Cette virée sur les pas de l’enfance donne une touche nostalgique aux toiles, à la fois compositions de paysages et de visages.
« En retournant là-bas, on se nourrit de ce qu’on était. On se rappelle des choses oubliées. C’est une démarche qui s’installe et à certains moments des thèmes vont m’habiter », raconte André Pitre.
Pour le peintre, une exposition est une histoire, avec son commencement et ses rebondissements. « Il y a des choses différentes qui se passent. Je ne peux pas toujours dire la même chose », affirme-t-il.
Le peintre nous raconte-il son histoire? Car, la couleur des choses c’est bien la madeleine de Proust : « La couleur des choses, c’est la couleur qu’on a en nous. Le souvenir est souvent rattaché à une couleur, à une émotion. Mais la couleur des choses, elle, est abstraite. »
L’abstraction, une notion avec laquelle l’artiste joue pour se rapprocher d’une émotion, pour proposer une discussion plus large avec le public.
Et le public, lui, se perd dans les échelles des paysages composés, des paysages habités par les visages peints par l’artiste, mais pourtant toujours dépouillés de tout. « Souvent les gens passent et les lieux restent », observe André Pitre.
L’ancien architecte joue avec la diversité des textures mêlant acrylique, avec touche de graphite, papier texturé et pâte à modeler. Il explore les espaces spatiaux se rappelant à la rigueur de sa formation initiale, l’architecture, dans tout son dépouillement et son économie.
Au milieu de l’exposition trône un polyptique qui dénote dans le ton et la forme des œuvres qui l’entourent. Cette œuvre, c’est le rebondissement de l’artiste, un rebondissement qui est arrivé durant la période de création : « Je voulais ouvrir sur quelque chose. Je pense que ce tableau est important pour moi. Il va revenir. »